CAROL | L’édition collector qu’un chef-d’œuvre mérite
Dix ans. Dix ans déjà que Carol de Todd Haynes a illuminé la Croisette en 2015, offrant à Rooney Mara le Prix d’interprétation féminine et s’imposant comme l’un des grands films de la décennie. Pour célébrer cet anniversaire, BubbelPop (nous offre) a mis les petits plats dans les grands avec une édition collector 4K Ultra HD qui rend enfin justice à cette œuvre sublime, disponible pour la première fois en France dans ce format. Et quelle édition.
Le coffret lui-même est un écrin à la hauteur de son contenu. Son design raffiné évoque immédiatement l’élégance des années 1950 que le film capture avec tant de grâce. À l’intérieur, un trésor pour les cinéphiles : deux disques Blu-ray (le film et les bonus), un disque 4K UHD sublimé par le Dolby Vision et le HDR, mais surtout un somptueux livre illustré de 100 pages signé Rania Griffete, Christian Viviani et Jacques Demange. Ce livre seul justifierait l’achat, tant il plonge avec intelligence dans les subtilités du film, son contexte historique et sa place dans l’œuvre de Haynes.
Les goodies ne sont pas en reste : cinq magnifiques cartes postales et une affiche qui prolongent l’expérience esthétique du film. Mais c’est le disque bonus qui constitue le véritable trésor caché de cette édition. Plus de deux heures de suppléments inédits nous plongent dans les coulisses de la création : entretiens approfondis avec les producteurs Stephen Woolley, Elizabeth Karlsen et Christine Vachon, focus passionnant sur la costumière Sandy Powell (dont le travail est une merveille à lui seul), exploration du financement et de l’adaptation du roman de Patricia Highsmith. Le making-of et les interviews de Cate Blanchett, Rooney Mara et du chef opérateur Edward Lachman complètent ce panorama exhaustif. De quoi passer des heures à savourer chaque aspect de cette production d’exception.
Un amour empêché, un film inoubliable
Carol demeure, dix ans après, l’un des plus beaux films d’amour jamais réalisés. Dans le New York glacé des années 1950, Todd Haynes filme la rencontre entre Therese (Rooney Mara), jeune vendeuse de grand magasin passionnée de photographie, et Carol Aird (Cate Blanchett), femme sophistiquée emprisonnée dans un mariage étouffant. Entre elles naît une attirance magnétique, un désir qui ose à peine se dire, filmé par Haynes avec une sensualité retenue qui fait de chaque regard, chaque effleuremement, un événement d’une intensité déchirante.
Le génie du film réside dans sa capacité à incarner l’oppression sans jamais la nommer explicitement. Le conservatisme de l’époque pèse sur chaque scène comme une chape de plomb invisible. Carol risque de perdre la garde de sa fille, non pas à cause d’un crime, mais simplement pour avoir osé aimer une femme. Therese découvre qu’exister en dehors des normes signifie renoncer à la sécurité, à la respectabilité, peut-être même à tout espoir d’avenir conventionnel. Plutôt que le pathos, Haynes filme la dignité têtue de ces deux femmes qui choisissent leur liberté malgré le prix à payer.
La direction photo d’Edward Lachman transforme chaque plan en tableau, jouant sur les reflets, les surfaces vitrées, les voiles de fumée de cigarette qui séparent les amantes du monde extérieur. La partition de Carter Burwell enveloppe le film d’une mélancolie lancinante. Et les deux actrices sont monumentales : Cate Blanchett incarne une élégance brisée, une force qui se fissure sous nos yeux, tandis que Rooney Mara révèle par petites touches l’éclosion d’une femme qui se découvre et s’affranchit. Leur chimie est d’une justesse bouleversante, chaque scène partagée vibrant d’une tension érotique et émotionnelle qui nous laisse pantelants.
Carol n’est pas seulement un film sur l’amour lesbien dans l’Amérique des années 1950. C’est un film sur le courage qu’il faut pour vivre selon ses propres termes, sur le coût terrible de l’authenticité dans une société qui exige la conformité. Dix ans plus tard, alors que les droits LGBTQ+ sont à nouveau menacés aux Etats-Unis, le film résonne avec une urgence renouvelée. Cette édition collector arrive donc au moment parfait pour redécouvrir ou découvrir l’un des chefs-d’œuvre essentiels de notre temps. Un film qui prouve que l’amour, même empêché, même entravé, garde toujours une beauté inaltérable.
Jeu-concours : Gagnez votre exemplaire du coffret collector de Carol
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