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L’ÉCHELLE DE JACOB

Jacob Singer, un employé des postes new-yorkaises, est assailli par de nombreux cauchemars durant ses journées. Il voit des hommes aux visages déformés et se retrouve dans des lieux qu’il ne connaît pas. Jacob est victime des flashbacks incessants de son premier mariage, de la mort de son fils et de son service au Vietnam. Jours après jours, Jacob s’enfonce dans la folie en essayant de comprendre ce qui lui arrive avec l’aide de Jezebel, son épouse.

Critique du film

Interprété avec sensibilité et finesse par Tim Robbins, Jacob Singer est un homme érudit qui a étudié la philosophie, mais exerce désormais le modeste métier de postier. Profondément marqué par plusieurs événements traumatiques — la guerre du Vietnam, la mort de l’un de ses fils — il tente tant bien que mal de se réadapter à une vie ordinaire aux côtés de Jezebel (Elizabeth Peña), auprès de laquelle il essaye aussi d’oublier l’échec de son mariage avec Sarah (Patricia Kalember). Mais des visions horribles l’assaillent, sans lui laisser de répit. Jacob cherche à consulter son psychiatre, en vain. D’anciens compagnons d’armes le recontactent, peut-être eux aussi victimes des mêmes symptômes.

Cinéaste inégal mais auteur de plusieurs succès populaires (Flashdance, Neuf semaines et demie, Liaison fatale), Adrian Lyne signe en 1990 avec L’Échelle de Jacob son meilleur film : une œuvre originale, marquante, accueillie froidement à sa sortie mais devenue culte au fil des ans. Porté par le scénario solide et singulier de Bruce Joel Rubin et par la production de Mario Kassar et Andrew G. Vajna — duo déjà derrière Angel Heart d’Alan Parker en 1987, autre diamant noir du fantastique — Lyne livre ici un film hybride, à la croisée du film d’épouvante et du thriller paranoïaque cher aux cinéastes américains des années 1970, d’Alan J. Pakula (À cause d’un assassinat) à Francis Ford Coppola (Conversation secrète).

L'échelle de Jacob

Tout au long du récit, le spectateur hésite : Jacob est-il fou, totalement détaché de la réalité, ou victime d’un complot, comme ses anciens camarades du Vietnam ? L’Échelle de Jacob brasse plusieurs thèmes avec brio : le traumatisme de la guerre, les expérimentations secrètes de l’armée américaine, la résilience — ou la quête de celle-ci —, l’acceptation de son destin et de la mort. Il s’impose comme l’une des œuvres les plus éprouvantes et les plus réussies du cinéma fantastique moderne, ne laissant aucun répit au spectateur, mais offrant aussi des moments profondément émouvants.

Plastiquement très abouti, accompagné d’une bande-son mêlant les compositions de Maurice Jarre à des titres phares des années 1970 (Marvin Gaye, Labelle), L’Échelle de Jacob conserve tout son magnétisme 35 ans après sa sortie, aujourd’hui magnifié par une restauration 4K de toute beauté distribuée par Les Acacias.

Bande-annonce

Ressortie le 17 décembre 2025 – De Adrian Lyne