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VIENDRA LE FEU

La fiche

Réalisé par Olivier Laxe – Avec Amador Arias, Benedicta Sánchez, Inazio Abrao…
Espagne, France Drame – Sortie : 4 septembre 2019 – Durée : 94mn

Synopsis : Amador Coro a été condamné pour avoir provoqué un incendie. Lorsqu’il sort de prison, personne ne l’attend. Il retourne dans son village niché dans les montagnes de la Galice où vivent sa mère, Benedicta, et leurs trois vaches. Leurs vies s’écoulent lentement, au rythme apaisé de la nature. Jusqu’au jour où un feu vient à dévaster la région.

La critique du film

Une des grandes richesses du cinéma est la possibilité qu’il donne à toutes les langues, tous les vocables régionaux, de s’exprimer et d’exister ainsi, restant vivantes et audibles de part les frontières. En cette 72e édition du festival de Cannes, c’est la première fois que la langue galicienne, région espagnole à forte identité, est représentée sur toute la durée d’un film. C’est chose faite avec Viendra le feu du franco-espagnol Oliver Laxe, remarqué pour son film précédent Mimosas, sélectionné à la Semaine de la critique. Cette nouvelle histoire est des plus singulières tellement elle occupe un terrain particulier, celui des œuvres atmosphériques, qui vont presque jusqu’à se passer de personnages. L’introduction nous présente la seule entité véritablement incarnée de l’intrigue : la forêt. Elle capte tous les regards, et elle est l’objet de toutes les attentions de l’auteur galicien.

Si dans Cendre noire de Sofia Quiros Ubeda, en compétition à la Semaine de la critique, la forêt était le lieu de rencontre du personnage principal, créatrice d’onirisme et théâtre de ses rêveries, chez Oliver Laxe elle est bien plus que cela. Elle est un être vivant dont le cœur est celui là même du film, un des seuls visages qui s’offre véritablement à la caméra de l’auteur est celui d’Amador, pyromane condamné, désigné automatiquement comme une victime expiatoire aux « pieds » du dieu forêt. Quand un nouvel incendie se déclare, il devient de fait le coupable idéal, le méchant évident d’une histoire où il ne pouvait avoir d’autre rôle. La bataille contre le feu est le clou du spectacle proposé, d’une beauté confondante qui résonne et se multiplie par le biais d’une bande-son à l’avenant qui s’accorde parfaitement avec les compositions picturales des flammes.

Viendra le feu constitue une surprise, ni un choc, ni un film dénué d’intérêt, mais plus une sorte d’OVNI inattendu qui se fait sa place dans nos esprits, jouant sa petite musique simple mais envoûtante. S’il demeure fragile car fondé sur un postulat des plus légers et sur un manque d’incarnation de l’histoire par ses acteurs, on ne peut totalement le rejeter tellement il se démarque et nous donne envie de l’aimer, et peut être de le revoir encore pour profiter de nouveau de son étrangeté.



Prix du Jury Un Certain Regard au Festival de Cannes 2019