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UNA PROMESSA

Sous un soleil de plomb, au sud de l’Italie, Angela part avec d’autres travailleurs clandestins dans les champs, d’où elle ne reviendra pas. Face à cette disparition tragique et mystérieuse, lancés dans une quête de vérité, son mari Giuseppe fait la promesse à leur fils Antò de lui rendre sa mère.

Critique du film

Dans un grand dictionnaire des bizarreries, il y aurait une entrée pour désigner ces films américains sortis en France avec un titre anglais différent du titre original (comme The hangover, alias Very Bad Trip). Il existe désormais un exemple italien : « Spaccapietre » (littéralement, le casseur de pierres) des frères Serio sort en France sous l’appellation « Una promessa ». Deux titres, deux ambiances. L’un nous renvoie au réalisme brut de Courbet, notamment à son tableau homonyme, et au néoréalisme italien. L’autre appelle une vision lyrique de l’ordre du merveilleux, Guiseppe ayant fait une promesse impossible à son fils Antò. De ce mélange des tons improbables, il n’en ressort pas un ensemble pertinent à la ligne assumée.

L’approche réaliste démarre chargée de misère comme une mule. La mère meurt dans des conditions de travail ; Guiseppe récemment éborgné se retrouve au chômage, inemployable sur le marché de l’emploi classique, ne pouvant désormais que se faire exploiter aux champs avec les clandestins. Cette situation initiale est alors contrebalancée par la promesse du retour de la mère. L’intention derrière cette double face réaliste/lyrique est ainsi bien marquée : conjuguer la « gifle du réel » avec des « caresses d’innocence » pour éviter de donner le sentiment d’une complaisance dans le misérabilisme. Difficile d’être dupe face à un tel marché. La jeunesse d’Antò, son envie de s’élever socialement pour être architecte, sa quête d’une nouvelle mère servent difficilement de gages solides d’espérance, encore moins de matière à réfléchir, pour faire accepter en compensation la collection des violences.

En rendant visibles les villages ghettos des Pouilles, une intention documentaire était initialement là pour décrire le système du caporalato, esclavagisme moderne dans des exploitations agricoles où est morte la journalière Paola Clemente en 2015, à l’origine du projet. De plus, en donnant une place conséquente dans le cadre à cet acteur au physique de rugbyman qu’est Salvatore Esposito, on pouvait croire en une représentation de la misère qui n’oublie pas de filmer l’humain en entier. A ce sujet, dans Le Signe du Lion, Rohmer avait bien su profiter du physique imposant de Jess Hahn pour renforcer par contraste la fragilité amenée par son statut de clochard.

Bande-annonce

14 octobre 2020De Gianluca De Serio, Massimiliano De Serio, avec Salvatore Esposito, Samuele Carrino,




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