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TROP D’AMOUR

Frankie, jeune réalisatrice, est fascinée par sa grand-mère, son histoire de survivante et sa personnalité joyeuse. Elle veut l’immortaliser en héroïne de fiction pour son film mais c’est sans compter les autres membres de la famille, qui vont se mêler de tout. Chez les Wallach, tout est TROP… d’amour.

Critique du film

Suite logique de Kneidler, un premier court-métrage où la relation entre la comédienne Frankie Wallach et sa grand-mère était déjà à l’honneur, Trop d’amour interroge l’héritage d’une survivante de la Shoah et sa transmission, mais aussi les liens interpersonnels au sein d’une famille. 

Trop d’amour débute comme un projet intime pour Frankie. Pour parler de sa grand-mère, la réalisatrice ambitionne dans un premier temps d’adapter Savannah Bay de Marguerite Duras. Une pièce et une histoire dont les deux personnages principaux semblent correspondre à Frankie et à sa grand-mère. Sa grand-mère, c’est Julia Wallach, 94 ans au moment du tournage, rayonnante, sage et rieuse. Aimante aussi. Julia a survécu aux camps de la mort. Elle en parle souvent, sans fard mais toujours avec émotion. Aux membres de sa famille et à leurs connaissances ; dans les écoles et les lycées pour sensibiliser les plus jeunes. Le projet de pièce se voit progressivement mis de côté. L’acte de filmer Julia et les Wallach le remplace jusqu’à devenir progressivement central. Avec beaucoup de justesse, le film vient interroger la réception de cette mémoire par les autres membres de la famille, mais aussi le fait d’être le sujet d’un documentaire surs sa transmission. 

Pourtant, si les lieux sont vrais, les personnages ne le sont pas forcément. La réalisatrice laisse au spectateur le soin de se positionner. Le générique indique qu’une partie des membres de la famille est jouée par des acteurs. Certains ne le sont pas. Patrick, le père de Frankie, est impressionnant dans son propre rôle. Toujours avec sincérité, il étonne par sa capacité à passer du rire aux larmes en quelques instants.

Trop d’amour avance masqué, joue volontiers avec les attentes du spectateur. Et en définitive, les moments que l’on estime les plus vrais ne le sont peut-être pas. Frankie Wallach assemble un film composite. Trop d’amour évolue toujours entre le (nécessairement faux) documentaire, les séquences tournées à l’iPhone pour évoquer les vidéos destinées au financement participatif, les moments réels remis en scène, la fiction et les séquences oniriques. Tout peut arriver : André Manoukian débarque au hasard d’une scène. Le plus drôle, c’est sans doute lorsqu’il est rappelé dans un cauchemar de Frankie… alors interprétée par Valérie Donzelli

« Je t’aime trop, mamie » lui lance Frankie. « Tu ne m’aimes pas trop, tu m’aimes bien » rétorque Julia. Il n’y a en effet jamais trop d’amour dans Trop d’amour ; seulement le tourbillon de la famille Wallach et de ses histoires, dans lequel on se laisse volontiers emporter. 

Bande-annonce

14 octobre 2021 (Canal+) – De Frankie Wallach et avec Frankie Wallach, et Julia WallachPatrick Wallach


À venir sur Le Bleu du Miroir : notre interview de Frankie Wallach




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