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TOUT PEUT CHANGER

LA BOBINETTE FLINGUEUSE EST UN CYCLE CINÉMATOGRAPHIQUE AYANT POUR RÉFLEXION LE FÉMINISME, SOUS FORME THÉMATIQUE, PAR LE PRISME DU 7E ART. À TRAVERS DES ŒUVRES RÉALISÉES PAR DES FEMMES OU PORTANT À L’ÉCRAN DES PERSONNAGES FÉMININS, LA BOBINETTE FLINGUEUSE ENTEND FLINGUER LA LOI DE MOFF ET SES CLICHÉS, EXPLOSER LE PLAFOND DE VERRE DU GRAND ÉCRAN ET EXPLORER LES DIFFÉRENTES NOTIONS DE LA FÉMINITÉ. À CE TITRE, ET NE SE REFUSANT RIEN, LA BOBINETTE FLINGUEUSE ABORDERA À L’OCCASION LA NOTION DE GENRE AFIN DE METTRE EN PARALLÈLE LE TRAITEMENT DE LA FÉMINITÉ ET DE LA MASCULINITÉ À L’ÉCRAN. UNE INVITATION QUEER QUI PROLONGE LES ASPIRATIONS D’EMPOWERMENT DE LA BOBINETTE FLINGUEUSE.

WE WANT SEX EQUALITY

2017. Le #Metoo, lancé dix ans auparavant par la militante féministe Tarana Burke, fait résonner les voix des femmes du monde entier. Un mouvement d’une ampleur inédite, réunissant les témoignages de nombreuses femmes dénonçant les violences sexistes auxquelles elles sont confrontées quotidiennement. L’affaire Weinstein en sera le pivot décisif, pointant du doigt les rouages d’une industrie cinématographique sexiste, où les violences faites aux femmes sont passées sous silence. Confronté à l’inévitable, Hollywood ne peut plus fermer les yeux et est contraint de prendre position. Les discours politiques se succèdent : Oscars, BAFTA et autre cérémonies se placent sous le “signe de #Metoo”, et laissent entrevoir une possible prise de conscience. 

Trois ans plus tard, Tom Donahue fait le point sur Hollywood et les femmes dans son documentaire Tout Peut Changer : Et si les femmes comptaient à Hollywood ? Un film qui interpelle et laisse la parole à une quantité impressionnante d’acteur.ice.s reconnue.s, mais aussi de réalisateur.ice.s, producteur.ice.s et showrunners. Le constat est sans appel : si la libération de la parole a permis d’ouvrir un débat public, le chemin demeure encore long.

Vers un female gaze

Alors que les médias évoquent une ère “post-#Metoo”, supposant déjà que tout a changé, Tom Donahue rappelle que le processus est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Tout Peut Changer s’articule comme un essai filmique autour de la représentation des femmes à Hollywood, devant ou derrière l’écran. Natalie Portman, Meryl Streep ou encore Chloë Grace Moretz reviennent tour à tour sur leurs propres expériences d’actrices. Du rôle de petite amie à la femme trophée, les récits sont équivoques : l’hégémonie du male gaze à l’écran objectifie les femmes et contribue à les rendre invisibles. Si la sentence n’a rien de surprenant – la notion de regard masculin semble désormais acquise dans la majorité des médias -, elle permet de mettre en exergue un schéma plus large qui transcende la simple dialectique du réalisateur et de ses spectateur.ice.s.

Le male gaze apparaît alors comme une conséquence inéluctable d’un système patriarcal où les femmes n’ont pas leur place. En 2019, 21% de femmes, réalisatrices, scénaristes, productrices, productrices exécutives, éditrices et cheffe opératrice ont contribué aux 100 plus gros films de l’année. Un chiffre qui, malgré l’onde de choc de l’affaire Weinstein, n’a pas évolué depuis les années 2000. Tout Peut Changer contribue à sortir les femmes de l’ombre. Si Tom Donahue donne la parole à des actrices largement reconnues, permettant ainsi de renforcer l’impact de ses arguments, il met en avant les différents métiers du cinéma. Ainsi, journalistes, réalisatrices, scénaristes, mais aussi CEO de différents studios témoignent des inégalités dans l’industrie hollywoodienne, pointant les violences sexistes et l’exclusion qu’elles subissent. Constat plus amer pour les femmes racisées puisque moins de 5% de femmes racisées ont réalisé un film en 2013. Tout Peut Changer milite pour un cinéma plus inclusif et intersectionnel

Tout doit changer 

Une fois le constat dressé, il faut agir. Tout Peut Changer porte un regard optimiste vers l’avenir, porté par une recherche perpétuelle de solution. Geena Davis, également productrice du documentaire, a lancé en 2004 la Geena Davis Institute on Gender In Media. À travers un travail colossal de statistiques et de recherches, l’institut déconstruit les représentations genrées à l’écran avec pour ambition de changer le paysage cinématographique. Dans une démarche éducationnelle, l’institut contribue à une prise de conscience de l’impact des représentations au cinéma et entreprend un dialogue avec les différents studios hollywoodiens. Tout peut changer, mais seulement avec l’aide des hommes. Parmi les nombreux témoignages du documentaire, Judd Apatow et d’autres hommes prennent également la parole pour dénoncer les inégalités à Hollywood. Une lutte qui ne peut se faire sans eux, puisque une remise en question du système patriarcal doit aussi se faire par les dominants.

Tout Peut Changer est un documentaire percutant sur l’évolution progressive et progressiste d’Hollywood, pertinent dans la richesse des témoignages et des sources qu’il propose. Tout peut changer, et surtout, tout changera.

Si les questions féministes sont plus facilement intégrées dans la culture américaine, renforcé par l’émergence des gender studies, le chemin semble plus difficile en France. Concernant les représentations, le collectif 50/50 s’engage à une plus grande parité dans le cinéma français. En novembre dernier, le cinéma français était secoué par les accusations d’attouchements sexuels contre Christophe Ruggia par Adèle Haenel, suivi par son éviction de la SRF et une mise en examen en janvier dernier. Une première, alors que les accusations contre Luc Besson ont été classées sans suite et que 76% des plaintes pour viols n’ont pas abouti en 2017. Alors que les médias s’empressent d’évoquer un #Metoo français, les 12 nominations de Roman Polanski aux César pour son J’Accuse viennent assombrir le tableau, et rappellent qu’en France, tout doit encore changer. 

la bobinette flingu

Pour aller plus loin :

Synopsis

A travers les témoignage de nombreuses personnalités d’Hollywood, le documentaire met en exergue les décennies de discrimination à l’égard des femmes derrière et devant la caméra.




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