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THE NOSE OR THE CONSPIRACY OF MAVERICKS

Pendant la première moitié du XXe siècle, Staline fit régner la terreur en Russie. Le film décrit cela en combinant des paysages, des biographies et des chefs-d’œuvre de peintres, de compositeurs et d’écrivains russes qui faisaient figure, durant cette période de totalitarisme, d’artistes d’avant-garde.

Critique du film

Faire parler l’Histoire et les archives. Un pari toujours osé, mais qui a le mérite d’attiser la curiosité. The Nose or the Conspiracy of Mavericks est effectivement un objet curieux. Déstructurant son animation, Khrzhanovsky et ses animateurs s’amusent de multiples techniques (mais surtout de collages) pour animer ces tableaux de grands artistes classiques russes. Peut-être conscient de la place que chacun a dans le fil de la création et de son Histoire, Khrzhanovsky laisse traîner également des images de ses propres animateurs au travail. Il faut admettre qu’au départ on se laisse conquérir par le panache et l’audace qui se dégage de l’œuvre. Elle s’écarte des sentiers battus et se joue des époques pour mieux les développer sur l’écran. 

The Nose or the Conspiracy of Mavericks – plus qu’un parcours des temps staliniens – est  avant tout un hommage appuyé à l’Opéra Le Nez de Dmitri Chostakovitch et à la nouvelle éponyme sur laquelle il est basé de Nicolas Gogol. Deux artistes avant-gardistes qui ont su faire fi des modèles de l’époque pour amener l’Art plus loin que la propagande des régimes en place.

UNE FRESQUE ASSOURDISSANTE

Néanmoins, dans l’ombre de ces partis pris audacieux se cachent des choix discutables. En commençant par la bande sonore. Pourquoi avoir voulu constamment agresser le spectateur avec des passages d’orchestre symphonique directement puisés dans des d’extraits chaotiques du Nez de Chostakovitch ? Certes, cela renforce le sentiment d’absurde kafkaïen qui se dégage de l’ensemble de l’œuvre et le chaos du régime stalinien, mais cela épuise également la patience du spectateur.

Et puis il y a cette narration aussi frénétique que son orchestre qui peine à tendre la main au spectateur. Découpée, virevoltante, elle l’épuise dans les couloirs de l’Histoire russe. Surtout que pour une raison qu’on n’explique pas (si ce n’est pour rendre l’ensemble encore plus absurde) Khrzhanovsky use de nombreux anachronismes qui surviennent sans crier gare. Jusqu’au point de rupture où le spectateur est lessivé de ne pas tout comprendre et d’être agressé abandonne.

Heureusement, la seconde moitié du long métrage se montre plus paisible, plus douce et sous une certaine forme plus subtile dans sa satire. On se demande alors si plus de sobriété n’aurait pas aidé Khrzhanovsky à nous partager la puissance de son œuvre, mais nous ne le saurons jamais, perdus que nous sommes dans les méandres d’une Histoire inhospitalière. 


Présenté en compétition L’Officielle au Festival international du film d’animation d’Annecy




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