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LA GUERRE DES BOUTONS

Entre les enfants de deux villages voisins, les Longevernes menés par Lebrac et les Velrans, menés par l’Aztec, c’est la guerre. Mais le jour où les Velrans apostrophent Grangibus et Tigibus d’une insulte jusque-là inconnue des Longevernes, pourtant experts en jurons fleuris, la guerre prend un tour nouveau. La dernière grande bataille se traduit par la capture d’un prisonnier qu’il faut punir de manière exemplaire. Lebrac se montre particulièrement retors : malheur au vaincu, un Velran, à qui l’on arrache tous ses boutons. En ces temps difficiles, les vêtements sont précieux et l’humiliation totale. La guerre n’est pas près de s’arrêter…

Batailles rangées

Réalisé par Yves Robert en 1961, quasiment cinquante ans après la parution du roman de Louis Pergaud, La Guerre des boutons constitue la deuxième adaptation de cet ouvrage et, selon l’avis général, la plus réussie. Même si le projet initial d’Yves Robert ne rencontra pas l’approbation des producteurs contactés. Le réalisateur décidera alors de monter sa propre maison de production, avec son épouse Danielle Delorme : ce sera La Guéville avec laquelle il réalisera ce long-métrage, mais aussi Bébert et l’omnibus, déjà chroniqué ici, Les Copains ou Alexandre le bienheureux jusqu’à ses plus grands succès comme Un Eléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis et d’autres encore.

Le film recèle de scènes mémorables, comme celles des batailles rangées, bien sûr, mais aussi celle de la trêve improvisée pour porter secours à un lapin blessé, de la destruction de la cabane ou de Petit Gibus à qui on offre un  peu d’alcool pour le réconforter. Le langage peu châtié des gosses, qui ne savent pas forcément ce qu’ils disent d’ailleurs prête souvent à rire. 

Si les enfants offrent tous des prestations irrésistibles de naturel et de drôlerie – André Treton, Martin et François Lartigue, Daniel Janneau mais aussi Christophe Bourseiller dans son premier rôle – les adultes ne sont pas en reste. Que ce soit Jacques Dufilho, Jean Richard ou Michel Galabru en pères de famille dépassés par les frasques de leurs progénitures ou bien Pierre Trabaud, impeccable et émouvant en instituteur de la communale, sévère mais bienveillant, profondément humain. Un personnage qui détonne avec la violence des parents, à une époque où les châtiments corporels n’étaient pas rares. Violence que reproduisent ensuite les enfants entre eux, avec une certaine cruauté. 

Le chef-opérateur André Bac, qui avait beaucoup travaillé avec Claude Autant-Lara signait, avec ce film, une magnifique photographie en noir et blanc qui met en valeur la beauté des paysages. Car la nature est importante dans l’univers de Louis Pergaud – qui écrivit d’ailleurs des textes animaliers – et les animaux très présents : renard, lapin, âne récalcitrant et un cheval qu’on utilise pour attaquer l’ennemi. Cette réussite formelle est complétée par une très belle musique de José Berghmans, qui prend parfois des accents inquiétants et une très belle réalisation d’Yves Robert, avec notamment de très beaux mouvements de caméras dans les bois.

Drôle, rythmé et tendre, le film n’oublie pas d’aborder certains sujets plus graves, comme la maltraitance, mais toujours avec une certaine pudeur. L’esprit qui domine, qui porte le film reste positif, optimiste malgré tout. Il émane de La Guerre des boutons un appétit de vivre et de s’amuser. Superbement restauré par Gaumont et distribué par Malavida, La Guerre des boutons, qui avait obtenu le Prix Jean Vigo en 1961,  est à nouveau visible au cinéma depuis le 23 juin. 


De retour au cinéma depuis le 23 juin 2021


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