L’Atalante photo 4 © Gaumont Malavida

L’ATALANTE

La jeune femme d’un marinier, fatiguée de sa vie monotone sur la péniche « l’Atalante », se laisse un jour attirer par les artifices de la ville, laissant son mari dans un profond désespoir. Mais cruellement déçue, elle revient à lui et le bonheur tranquille reprend son cours le long des fleuves, en compagnie du vieux marinier, le père Jules.

Critique du film

L’Atalante fut aussi un film mutilé à sa sortie, enfin de retour sur les écrans grâce à Malavida. Commençant par un mariage dont le cortège, qui a bien du mal à suivre les jeunes mariés, pourrait être celui d’un enterrement. On apprend qu’il n’y aura pas de banquet, car les époux doivent embarquer sur leur péniche et partir. L’homme st batelier. Les invités restent interdits sur la berge. Le Père Jules, joué par Michel Simon que Jean Vigo laissa beaucoup improviser sur ce tournage, a fait préparer un bouquet de fleurs par un jeune marinier mais ce cadeau tombe à l’eau.

Mauvais présage ? Incident annonciateur du naufrage du couple ? Il sera plusieurs fois question de superstitions dans L’Atalante. Comme cette curieuse pratique de mettre sa tête sous l’eau pour visualiser l’élu – e de son cœur, ce que ne manquera pas de faire Jean dans un seau ou en sautant dans la Seine, ce qui nous vaudra de magnifiques scènes sous-marines. Car Juliette s’ennuie sur le bateau, lieu clos, confiné qui renvoie à l’enfermement de Zéro de conduite. Elle rêve de la ville, incite Jean à sortir du bateau et elle finit par tomber sous le charme d’un prestidigitateur. Le film prend parfois l’aspect d’un documentaire dans l’attention portée aux détails de la vie sur une péniche et au loin, on voit à un moment donné une affiche qui proclame « Solidarité avec les bateliers ! » qui rappelle l’attachement de Jean Vigo aux questions sociales.

Mais le film reste surtout un chef d’œuvre de poésie, offrant une vision très charnelle et crue de l’homme et de ses instincts. On trouve aussi une magnifique séquence, à l’érotisme suggéré mais audacieux pour l’époque, où Jean et Juliette, séparés, chacun seul dans un lit, semble étreindre l’autre à distance, de façon très sensuelle. L’interprétation de Jean Dasté, de Dita Parlo et de Michel Simon constitue un atout non négligeable de ce film d’une grande beauté – scènes en contre plongée, l’apparition de Juliette sous l’eau – qui offre une description, rare pour l’époque, de l’amour et du couple, sans concession et profondément originale.


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