I’m your man

I’M YOUR MAN

Alma, brillante scientifique, se révèle être une parfaite candidate pour se prêter à une expérience : pendant trois semaines, elle doit vivre avec Tom, un robot à l’apparence humaine parfaite, spécialement programmé pour correspondre à sa définition de l’homme idéal. Son existence ne doit servir qu’un seul but : rendre Alma heureuse.

Critique du film

Film allemand réalisé par Maria Schrader, I’m Your man témoigne avec force et puissance, que même les films européens peuvent filmer, montrer et dévoiler de la science-fiction sans avoir le besoin de posséder pléthore d’effets visuels et spéciaux.

I’m You Man permet de rendre compte d’un long-métrage qui flirte certes avec un brin de déjà vu, puisqu’on semble observer des références et même presque des citations à quelques épisodes de Black Mirror, ou encore, et ce de manière presque plus prononcée, à la série suédoise extrêmement réussie : Real Humans. Cependant, le film assume ces influences et n’a pas pour vocation de tenter à s’extraire de ses « anciens pères ». On se surprend, lorsqu’on visionne le film de Maria Schrader, à retrouver presqu’une délectation de cette série suédoise tombée bien trop vite dans l’oubli. Bien que ce long-métrage n’arrive pas à surpasser ou à égaler ce show suédois, il est une manière élégante de lui rendre hommage.

I’m Your man soulève plusieurs interrogations qui s’enracinent de plus en plus dans notre société. Il questionne l’être dans sa superficialité, dans la recherche de l’autre et de la perfection avec une délicatesse rare qui gomme les quelques imperfections égrainées ça et là. Mais ce qui fait que le film trouve une justesse, c’est qu’il ne prend jamais réellement position et ne cherche pas à juger son protagoniste principal dans ses choix. La rationalité, souvent en liaison avec l’objectivité, entre en tension avec l’irrationnalité de l’être et la subjectivité de celui-ci. C’est cette mise en opposition et cette ambivalence qui prend vie au sein de la diégèse et qui secoue le protagoniste d’Alma qui rend l’objet filmique intrigant et complexe. Ces deux personnages que sont Tom et Alma, l’un assujetti et au service de l’autre, viennent cependant créer un déséquilibre dans la relation qui n’est pas assez exploré par la cinéaste.

I'm your man
Le casting brille notamment par le choix du comédien Dan Stevens (que l’on peut retrouver dans La belle et la bête de Disney mais aussi dans les trois premières saisons de la série Downton Abbey) qui nous surprend par son allemand parfait. Le peu d’artifices présents aux côtés des interprètes et notamment aux côtés du personnage de Tom rend compte d’un jeu dans lequel le naturel vient à sublimer l’artificialité de la machine confectionnée par l’institut. Nous pouvons tout de même regretter assez amèrement le peu d’importance accordé au personnage de Mitarbeiterin incarnée par la brillante Sandra Hüller (actrice d’Une valse dans les allées et Toni Erdmann).

Les quelques « dysfonctionnements de ce système »

I’m your man possède cependant quelques légers lacunes qui ne peuvent pas être laissées de coté. Le scénario semble être, en quelque sorte, un long fleuve tranquille où les surprises ne nous décontenancent pas assez pour rendre compte d’un long-métrage suffisamment puissant dans la captation qu’il pourrait engendrer sur le spectateur. L’autre faiblesse du film tient dans ce qui en aurait pu en être sa force, soit le point de vue adopté par la réalisatrice Maria Schrader. Les questionnements soulevés par elle et son personnage Alma (ex : la perfection est-elle réellement ce que nous recherchons ?) interrogent même avant que le film ne commence et les réponses trouvées ne sont malheureusement pas assez approfondies pour trouver une consistance suffisante. Nous ne dévoilerons pas le dénouement du film mais, malheureusement, celui-ci s’avère appuyer bien trop fortement la superficialité des questionnements soulevés tout au long du film. Peut-être aurait-il été plus intéressant d’approfondir réellement les rouages du système, la mécanique de celui-ci, au sein de cet institut technique.

Bande-annonce

22 juin 2022 – De Maria Schrader, avec Maren Eggert, Dan Stevens et Sandra Hüller.




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