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DU CRÉPITEMENT SOUS LES NÉONS

Sous contrôle judiciaire, Yann rêve d’une nouvelle vie loin de la banlieue. Pour rembourser une dette, il accepte de convoyer jusqu’en Espagne, Dara, une jeune nigériane prisonnière d’un réseau de prostitution dirigé par Sumaï. Alors que Yann est recherché de toutes parts, Dara va tenter d’échapper à son geôlier pour retrouver sa liberté…

Critique du film

Avec un tel titre, le spectateur était en droit de s’attendre à un film électrique et galvanisant… Malheureusement, le deuxième long-métrage du duo de réalisateurs connus sous le nom de FGKO peine à offrir l’étincelle tant attendue. Porté par un casting pourtant assez éblouissant – Idir Azougli, inarrêtable depuis Shéhérazade, Jérémie Laheurte et surtout Tracy Gotoas, d’une sensibilité remarquable -, le film retrace le parcours de Yann, un petit délinquant de banlieue chargé d’escorter une prostituée en Espagne pour le compte d’un trafiquant local (incarné ici par le rappeur Bosh). Point de grosse surprise thématique donc, après la première incursion dans le monde du banditisme urbain que représentait Voyoucratie (dont le titre dit tout), le premier projet de FGKO, nommé dans la catégorie meilleur premier film des Césars 2016.

C’est peut être là où le bât blesse : on ne peut s’empêcher de se demander ce qui pousse continuellement Fabrice Garçon et Kévin Ossona, a priori assez éloignés de toutes ces problématiques, à investiguer obsessionnellement ce thème. Drogue, prostitution, familles brisées, règlements de compte… Rien de bien nouveau sous le soleil des clichés sur la cité et sa précarité. Loin d’insuffler un peu de nouveauté à un sujet qui ne brille déjà pas pour son originalité, FGKO recycle un imaginaire usé jusqu’à la corde et va jusqu’à forcer le trait en intégrant à son récit des répliques d’une fadeur inégalée (“Ça te dirait de jouer dans la cour des grands ?” lâche ainsi Bosh, tandis que durant la seule interaction qu’il a avec sa mère, Yann se contente d’un “Ça t’arrive de penser à Papa ?”).

Pas assez abouti pour permettre à l’alchimie inter-personnages de prendre, pas non plus assez ambitieux pour éblouir visuellement, Du crépitement sous les néons, malgré sa bonne volonté et son rythme soutenu, ne réussit pas à faire mieux qu’un clip de rap allongé. Entre glamourisation de la violence et simplification, le film témoigne une fois de plus de la fascination du cinéma français pour une réalité sociale qu’il connaît au fond très mal et qui lui sert de terrain d’expérimentation pour déployer ses fantasmes de blockbuster plein de gangsters (le duo de réalisateurs cite Scarface parmi ses références cinématographiques). Il serait peut être temps que le milieu laisse la place aux concerné.e.s, afin que nous puissions découvrir sur grand écran des récits un peu plus profonds et incarnés.

Bande-annonce

16 novembre 2022 – De FGKO, avec Jérémy Laheurte, Tracy Gotoas et Bosh.




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