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DESPEDIDA

Pendant le carnaval, Ana 11 ans se rend dans le sud du Brésil pour les funérailles de sa grand-mère. La nuit, par la fenêtre de la maison familiale, elle voit le fantôme de sa grand-mère entrer dans la forêt. Quand Ana décide de la suivre, elle découvre un monde de fantaisie et de mystère. Elle voudrait résoudre une vieille querelle familiale, mais son chemin est semé d’embûches : des sorcières, des méchants, des créatures étranges et surtout, un chien sauvage qui garde le passage vers ce monde fantastique.

Critique du film

L’imaginaire, royaume visité et aimé dès notre plus jeune âge comme échappée personnelle aux réalités que nous ne comprenons pas toujours, est notre plus belle arme contre le monde. Quand notre horizon devient plus sombre et que l’existence se teinte de tristesse, il est ce refuge intime et nécessaire qui nous permet de contempler notre peine sous le prisme abstrait formé de souvenirs et de souhaits qui, à terme, nous montre le chemin vers des jours meilleurs.

Second long-métrage du duo formé par Vinicius Lopes et Luciana Mazeto après Irmã, Despedida est une nouvelle incursion dans l’onirisme et la réflexion autour des dynamiques familiales. Toujours planté au coeur du sud du Brésil, mais cette fois-ci au temps du carnaval, c’est à travers un voyage au coeur d’un pays peuplé de créatures aussi mystérieuses qu’insolites qu’est raconté le deuil et la prise en maturité.

ANA AU PAYS DU SOUVENIR

Dans la continuité de son prédécesseur, qui voyait déjà une petite fille confrontée à un élément douloureux de la vie, Despedida joue de sa superbe direction artistique pour explorer les premiers pas du sortir de l’enfance.

Par le biais d’éléments fantastiques sollicitant tant le langage merveilleux que celui du terrifiant, le parcours d’Ana à travers la forêt magique à la recherche de sa grand-mère retrace les différentes étapes du deuil, du déni à l’acceptation. Multi-référencés, les différents tableaux proposés appellent à l’imaginaire collectif de tous ; tout particulièrement, les compositions musicales sont extrêmement réussies, et évoquent à la fois le travail de John Williams sur la saga Harry Potter que celui de James Horner et de son féérique thème de Casper.

Despedida

À la manière de nombreux contes de fées, l’innocence enfantine devient un pouvoir magique, sorte d’élixir de vérité permettant de mieux comprendre le monde du fait du regard plus simple qu’il porte sur ce qui le compose. Pour Ana, le silence et l’absence de communication sont autant de ronces qui entravent sa progression sur le chemin du souvenir ; à travers ses yeux, l’on comprend que les non-dits nourrissent la querelle familiale qui déchire les grandes figures féminines de sa vie – de sa grand-mère défunte, en passant par sa tante pétrie de traditions et un rien matérialiste jusqu’à sa mère, comme figée et aveuglée par son incapacité à dépasser le regret.

Parfois touchant et très juste dans son entreprise, Despedida se perd toutefois dans sa propre abstraction. L’interprétation des jeunes acteurs, inégale et semblant hésiter quant au registre à adopter, n’y est pas étrangère. De plus, l’écriture de Vinicius Lopes et Luciana Mazeto tombe trop facilement dans le ressort dramatique faisant peser la responsabilité de la maturité sur des épaules bien trop jeunes, face à l’obstination des adultes et à leurs difficultés de se confronter entre eux.

Récit d’apprentissage sur fond de rencontres avec lutins des bois et fantômes du passé, Despedida est une expérience cinématographique aussi singulière que fantaisiste, qui ne réussit malheureusement pas toujours à faire passer son message malgré un soin indéniable porté à sa délivrance.

Bande-annonce

14 décembre 2022 – De Luciana Mazeto et Vinicus Lopes
avec Anaís Grala Wegner, Patricia Soso et Sandra Dani




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