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CONTACT

Passionnée par l’Univers depuis son plus jeune âge, Ellie Arroway est une brillante astronome. Aux côtés d’une petite équipe de chercheurs elle écoute le ciel dans l’espoir de déceler un signe d’intelligence extraterrestre. Un jour, elle capte un message.

Critique du film 

Que sommes-nous à l’échelle de l’Univers ? Existe-t-il une forme de vie extraterrestre ? Quel est notre but sur Terre ? Dès sa scène d’ouverture, Contact nous place face aux questionnements existentiels qui fascinent autant qu’ils angoissent l’humanité toute entière. Le temps d’un impressionnant travelling arrière depuis la Terre jusqu’aux confins de la galaxie, pour finir dans les yeux d’Eleanor Arroway (brillamment interprétée par Jodie Foster), protagoniste du film, nos pensées convergent vers ces interrogations. 

Douze ans après le premier opus de Retour vers le futur, Robert Zemeckis s’emploie de nouveau à l’exploration de l’espace-temps, cette fois-ci étendue à travers le cosmos. Un projet ambitieux l’attend : l’adaptation du roman Contact, écrit par l’astrophysicien Carl Sagan et publié en 1985. C’est en 1997 que Contact, long-métrage aussi intense qu’intelligent, sort en salle. Bien avant Interstellar de Christopher Nolan ou Premier Contact de Denis Villeneuve, Contact portait à l’écran les enjeux existentiels que posent la question de la vie extraterrestre. Le travail de Robert Zemeckis s’appuie sur des bases scientifiques solides puisque Carl Sagan, auteur de l’œuvre originale, était aussi l’un des fondateurs du programme SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence) où travaille Ellie Arroway, l’héroïne de l’histoire. 

Une héroïne guidée par les signes

Contact, jusque dans son titre repose sur les signes. Enfant, Ellie n’a qu’une idée en tête : envoyer un message le plus loin possible et recevoir une réponse. Encouragée par son père à poursuivre sa passion pour la science, la radiocommunication et l’astronomie, elle utilise une radio pour tenter de capter un signal venu d’ailleurs. Elle parvient notamment à communiquer avec un émetteur basé en Floride, à l’autre bout du pays. Lorsqu’elle perd brutalement son père à l’âge de 9 ans, elle continue d’interroger sa radio, dans l’espoir de lui parler une dernière fois. En grandissant, on peut penser qu’Ellie envisage la science comme un refuge. Surdouée, elle y plonge à corps perdu, devenant chercheuse au sein du SETI. Cette-fois, ce n’est plus seulement les États-Unis, mais l’espace qu’elle sonde, à la recherche d’un signal radio, et surtout de la preuve d’une forme d’intelligence extraterrestre.

On pourrait croire que l’héroïne de Contact est guidée par la science. Ellie est dépeinte comme une scientifique rationnelle et sceptique, dont le dévouement pour la recherche est sans limite. De plus, le film est un pur produit de hard science-fiction, laissant une grande place à l’explication des méthodes et des théories scientifiques dans son intrigue. Pourtant, la trajectoire de l’héroïne depuis la mort de son père semble être parsemée de signes et de concours de circonstances pour le moins troublants. De son collègue et acolyte aveugle Kent Clark, comme une référence à Superman et ses origines extraterrestres, en passant par son mentor secret, qui rend possible la découverte et la mission qui changeront sa vie pour toujours, rien n’est laissé au hasard. Lorsqu’elle découvre le signal venu de la planète Véga, elle pense faire l’une des découvertes les plus importantes de l’Histoire, mais c’est sa destinée qu’elle est sur le point d’embrasser. 

L’appel des étoiles 

Ce qui fait de Contact un chef-d’œuvre de hard science-fiction, c’est son économie de scènes spectaculaires, au profit d’une intrigue et de dialogues parfaitement ciselés. Sans pour autant décevoir les amateurs d’odyssées spatiales et de paysages cosmiques, Contact s’intéresse d’abord à l’impact terrestre de la découverte d’une intelligence extraterrestre, avant d’envisager toute confrontation. La première manifestation extraterrestre se fait par le son, un son de cinéma d’ailleurs particulièrement marquant tant il est à la fois fascinant et angoissant. Son intensité est telle qu’on ne saurait affirmer avec certitude s’il est une invitation ou une menace. Ellie est la première à l’entendre et, une fois encore, on peut y deviner une symbolique : au crépuscule, casque sur les oreilles, allongée sur le capot de sa voiture, tout près des antennes, elle ferme les yeux. Le gros plan sur ses paupières donne à la fois cette impression d’intimité, comme si le son lui était directement adressé, mais aussi de sérénité, comme si elle se sentait profondément à sa place à cet instant précis. Mais le son cache une prise de contact bien plus complexe, prouvant l’intelligence incontestable des êtres qui l’ont initiée. 

Si le film est particulièrement centré sur le personnage d’Ellie Arroway, il s’intéresse aussi à la théorisation de la réaction et de l’organisation mondiale face à une telle découverte. En ce sens, Contact est souvent comparé au remarquable Premier Contact de Denis Villeneuve. Tous deux racontent la prise de contact d’extraterrestres avec les humains, par le son dans Contact et par la confrontation visuelle, les symboles dans Premier Contact. Mais le point commun le plus intéressant entre ces deux films, c’est la manière dont ils présentent l’incapacité des humains à se comprendre entre eux, à travers une découverte qui bouleverse leur existence. 

En effet, dans Contact, alors que la découverte est partagée au gouvernement, aux médias et bientôt au monde entier, les réactions humaines sont lourdes de sens. On observe l’apparition de plusieurs groupes, certains sont enthousiastes, d’autres croient en l’apocalypse et les scientifiques du monde entier s’organisent pour construire la Machine, dont les plans de construction ont été déchiffrés dans le message provenant de la planète Véga. De la réception du message jusqu’à la construction de la Machine, tous traversent différentes phases : l’enthousiasme, l’inquiétude, le doute ou encore l’arrogance (comme le personnage du scientifique gouvernemental David Drumlin qui trouvait le SETI sans intérêt jusqu’à la découverte du message). Tous, sauf Ellie Arroway, qui lutte corps et âme pour faire aboutir et défendre cette découverte. Dans l’intrigue, la destinée d’Ellie s’inscrit alors dans quelque chose de plus grand qui questionne l’humanité. 

Le cosmos comme miroir de l’existence

Contact miroir

À travers la découverte d’une intelligence extra-terrestre, Contact aborde l’éternel débat entre science et religion. Très tôt dans l’intrigue, Ellie fait la connaissance de Palmer Joss (Matthew McConaughey), théologien et homme de foi. Les dialogues entre les deux personnages sont particulièrement intéressants, car chacun défend sa propre vision de la foi. Pour Ellie, les mathématiques et les sciences sont les seuls langages universels, les seuls auxquels elle croit. Sans être complètement réfractaire au progrès scientifique et technologique, Palmer l’invite à se questionner sur la vérité humaine en la confrontant à des faits que la science ne pourra jamais expliquer, comme l’amour profond qu’elle porte à son père décédé. La religion et la foi prennent d’ailleurs une place très importante dans l’organisation de la mission spatiale ayant pour but de rencontrer les émetteurs du message, notamment lors de la sélection des candidats qui voyageront à bord du vaisseau. En effet, Palmer est membre du jury chargé de choisir les représentants de l’humanité auprès des extraterrestres. 

Cette dualité entre le raisonnement scientifique et les croyances religieuses et spirituelles est à la fois le reflet d’une époque, mais aussi la confrontation de l’héroïne à sa propre quête. Lorsque Palmer met en garde Ellie sur le danger mortel de la mission spatiale, celle-ci lui répond : « D’aussi loin que je me souvienne, je me vois à la recherche de quelque chose : la raison pour laquelle nous sommes ici, ce que nous faisons ici, qui nous sommes. S’il y a une chance de trouver ne serait-ce qu’une petite partie de cette réponse, je crois que ça vaut la peine de donner sa vie. Pas toi ? ». Si la quête d’Ellie est guidée par les signes, c’est parce qu’au-delà d’être scientifique, elle est existentielle. Lorsqu’elle commence enfin son voyage à travers l’espace, nous assistons à une épopée à la fois cosmique et spirituelle. De la visualisation des théories qu’elle a étudiées (comme celle du trou de ver), aux paysages spatiaux qu’elle a imaginés, en passant par l’extraterrestre qui prend l’apparence de son père, tout y est. Lorsqu’elle revient sur Terre sans pouvoir prouver au monde l’aventure qu’elle vient de vivre, elle est pourtant convaincue de l’existence de quelque chose de plus grand, quelque chose qui l’a guidée jusqu’à ce qu’elle a toujours cherché : le sens de son existence.    

Contact, chef-d’œuvre méconnu de Robert Zemeckis, utilise les codes de hard science-fiction pour nourrir une réflexion sur des questionnements universels, en envisageant le voyage spatial comme une introspection. Le personnage d’Eleanor Arroway permet à tout un chacun de prendre du recul sur sa façon d’envisager les choses, évoquant ainsi une forme de cohabitation possible entre la science et la spiritualité. Un grand film à voir et à revoir, pour ne jamais cesser de se questionner. 


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Marie Serale | @marie_serale