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BILAN 2022 | Les meilleurs films sur Netflix

Comme chaque année, la plateforme au grand N a su tirer son épingle du jeu. Au milieu de son immense offre, avec des propositions trop souvent calibrées, le géant du streaming a su comme chaque année s’assurer quelques belles pioches grâce au savoir-faire de cinéastes confirmés : Richard Linklater, Sebastien Lelio, Guillermo Del Toro, Alejandro G. Inarritu, Tobias Lindholm, Andrew Dominik… Voici donc notre sélection des meilleurs films sortis en 2022 sur Netflix.

Blonde

BLONDE d’Andrew Dominik

Un film a suscité la controverse et des réactions très polarisées. Blonde place le spectateur comme un énième voyeur dans l’existence d’une femme maudite, Marylin Monroe, qui aura joué toute sa vie avec les apparences et la vérité, pour tenter d’en capturer l’essence. Dans la peau de l’icône, Ana de Armas apparaît comme une évidence, se donnant corps et âme à son personnage, ne se cantonnant pas à un vulgaire exercice de mimétisme mais proposant bel et bien une réincarnation aussi envoûtante que complexe de la charismatique et indomptable icône. L’actrice cubaine livre une performance lumineuse devant la caméra d’Andrew Dominik, dont la proposition radicale devrait en laisser plus d’un sur le carreau. – TP

The Wonder

THE WONDER de Sebastian Lelio

Porté par la partition inquiétante du compositeur Matthew Herbert, le cadre rustique de la campagne irlandaise et ses fulgurances d’imagerie horrifique, The Wonder soigne particulièrement son ambiance étrange pour nous immerger dans ce tableau fantomatique, entre âmes perdues, secrets inavouables et maltraitance infantile. Sebastian Lelio déroule doucement sa tragédie et son étude de personnage(s), avec une belle gestion du rythme conférant à son film un sentiment d’urgence latente comme il a toujours su si bien le faire, déjouant à nouveau les rouages de la doctrine et le poids écrasant des communautés religieuses. Il offre à Florence Pugh un nouveau rôle de femme affirmée qui intériorise ses souffrances et son asphyxie et se bat pour obtenir justice et réparation. Après The Young Lady qui révélait son talent aux yeux du monde, elle porte à nouveau cette pièce historique centrée autour de son personnage esseulé – bien qu’elle trouve en Kila Lord Cassidy une partenaire de jeu particulièrement prometteuse. – TP

Pinocchio

PINOCCHIO de Guillermo Del Toro

Avec le talent qu’on lui connaît, Guillermo Del Toro démontre toute sa faculté à marier tragédie et comédie afin de proposer une réflexion sur l’amour entre un père et son fils de substitution. Profondeur des émotions et richesse des enjeux sont ici au programme, dans cette adaptation qui réussit à tirer profit de l’ambiance délétère de l’Italie fasciste pour en prendre un contre-pied assez jouissif, notamment dans une scène d’anthologie avec Benito Mussolini. Le meilleur Pinocchio de l’année, c’était bien lui. – JCM

Apollo 10 ½

APOLLO 10 ½ : LES FUSÉES DE MON ENFANCE de Richard Linklater

Bercé par une B.O rétro et estivale, on suit le quotidien de ce cadet d’une famille nombreuse à Houston, fasciné par l’effervescence américaine pour la conquête spatiale. Découpé en différentes tranches de vie auxquelles la voix-off et l’animation apportent tendresse et grandeur, le récit nous ramène à l’enthousiasme débordant que représentaient une journée dans un parc d’attractions, le visionnage de feuilletons et de séries B horrifiques à la télévision, les jeux dans les cours de récréation. Mais, en toile de fond des expériences du jeune héros, Richard Linklater pose aussi un regard distancié vis à vis du mode de vie américain de l’époque ainsi que sur les mouvements politiques de l’époque, teintant l’élan nostalgique de réserves lucides bienvenues. Regarder le passé pour ce qu’il était, avec le bon et le mauvais, pour nourrir son témoignage personnel en apparence « basique » d’une page d’histoire informative et stimulante visuellement. Drôle, attachant et passionnant, Apollo 10 ½ marque le retour d’un cinéaste américain sensible dont le regard sur l’Histoire et les sentiments nous avait terriblement manqué.

Bardo

BARDO, FAUSSE CHRONIQUE DE QUELQUES VÉRITÉS d’Alejandro G. Inarritū

Si le film est léger, on y danse et s’active beaucoup, notamment dans une admirable scène de réception où l’on entend le « Let’s dance » de David Bowie a capella. Mais Bardo sait aussi se faire grave quand se répète un motif aperçu au début du film, soulignant le drame qui y était tapi. Ce sont désormais les ombres qui sont mises en valeur, cela au moins pour un temps, avant que la joie revienne, balayant d’un revers de la main le sérieux qui s’était installé. Chez Iñárritu, la mort n’est pas un drame, dans la ligne droite de la tradition mexicaine, mais une célébration d’un nouvel état où l’on retrouve ses amis et sa famille pour communier encore une fois tous ensemble. Dans Bardo, les métaphores prennent vie et consacrent un film d’une générosité inouïe où la sensibilité est reine.

The good nurse

The good nurse

THE GOOD NURSE de Tobias Lindholm

Avec Meurtres sans ordonnance, Tobias Lindholm retrouve quelques motifs qu’il affectionnait déjà dans A war et Hijacking, privilégiant les rouages de l’investigation et les répercussions émotionnelles pour son personnage principal, confronté à un combat qui n’aurait pas du être le sien. Par cet inquiétant récit, le cinéaste met aussi en lumière quelques sujets complexes, comme les insuffisances du système de santé outre-Atlantique et la frilosité des bureaucrates médicaux qui préfèrent éclipser un problème plutôt que de le combattre. Pour incarner le tandem titre dans ce jeu du chat et de la souris, Jessica Chastain et Eddie Redmayne apportent la crédibilité nécessaire à une histoire qui pourrait paraître bien incroyable si celle-ci n’était pas basée sur un cas réel impliquant l’un des abus de confiance les plus inimaginables du début du 21e siècle.




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