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JIMMY’S HALL

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Loach mineur

1932 – Après un exil de 10 ans aux États-Unis, Jimmy Gralton rentre au pays pour aider sa mère à s’occuper de la ferme familiale. L’Irlande qu’il retrouve, une dizaine d’années après la guerre civile, s’est dotée d’un nouveau gouvernement. Tous les espoirs sont permis… Suite aux sollicitations des jeunes du Comté de Leitrim, Jimmy, malgré sa réticence à provoquer ses vieux ennemis comme l’Eglise ou les propriétaires terriens, décide de rouvrir le « Hall », un foyer ouvert à tous où l’on se retrouve pour danser, étudier, ou discuter. À nouveau, le succès est immédiat. Mais l’influence grandissante de Jimmy et ses idées progressistes ne sont toujours pas du goût de tout le monde au village. Les tensions refont surface.

Farewell Ken

Annoncé par son auteur comme son probable dernier film, Jimmy’s Hall est sorti en France après avoir été présenté au Festival de Cannes. Si la forme artistique du grand Ken Loach n’est plus aussi probante que jadis (de Looking for Eric à Kes, en passant par Raining Stones et Just a Kiss… la liste de ses films majeurs est relativement longue), le précieux cinéaste britannique est encore capable de parler avec fougue des sujets qui le passionnent et des combats qu’il reste à mener : il suffisait de l’écouter lors de la récente Masterclass au Forum des Images, accompagné de son fidèle collaborateur et scénariste Paul Laverty…  

Toujours révolté, toujours engagé, Ken Loach a décidé de s’intéresser de nouveau à un pan de l’histoire irlandaise. C’est ainsi qu’il a choisi de porter à l’écran l’histoire (vraie) de Jimmy Gralton, un activiste communiste irlandais ayant pris la nationalité américaine en 1909. Celui-ci retourne sur sa terre natale en 1921 et ambitionne de relancer son « dancing hall ». Mais une partie de la communauté s’oppose à cette réouverture. Ce dernier sera le seul citoyen irlandais à avoir été expulsé de son propre pays sans procès.

On le constate, ce destin colle parfaitement avec les thématiques chères à Ken Loach qui n’est jamais le dernier pour s’opposer à toute forme d’intégrisme et de discrimination. Son long-métrage s’avère donc forcément intéressant d’un point de vue historique et politique. Alors qu’il était nécessaire de mettre en images la destinée de cet homme, on regrette en revanche que le long-métrage ne décolle jamais véritablement. Souffrant d’un certain manque de rythme et d’ampleur, la dimension fictionnelle est moins prenante. Lui qui fut capable de nous prendre aux tripes, de nous arracher le coeur ou d’insuffler une tension franchement dérangeante dans de nombreux métrages parait désormais un peu moins tenace…

Alors que sa productrice annonce qu’il pourrait prolonger son oeuvre par le biais de documentaires, il semblerait que la page « fiction » se referme avec ce Jimmy’s hall globalement satisfaisant mais plutôt mineur au regard de la filmographie de son auteur. Les amateurs de son cinéma devraient à priori y trouver leur compte, quid des autres ? Que ce film ne soit pas le meilleur de l’immense et précieuse carrière de Ken Loach ne doit pas faire oublier l’importance et la grandeur de l’artiste comme de l’homme. Farewell Sir and thank you very much. 

 

La fiche

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JIMMY’S HALL
Réalisé par Ken Loach
Avec Barry Ward, Simone Kirby, Andrew Scott…
Grande-Bretagne – Drame historique
Sortie en salles : 2 juillet 2014
Durée : 109 min





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M'sieur Milan
M'sieur Milan
9 années il y a

Tout à fait d’accord avec toi. Le film manque de rythme, certaines scènes sont longues ou téléphonées et pourtant il y a quelque chose d’attachant – le côté véridique peut-être, cette volonté de filmer avec « honnêteté ».

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