FRIEND REQUEST
Laura est une lycéenne populaire au sein de son établissement. Elle et son quasi-millier d’amis sur Facebook sont pourtant mis en danger par une étrange et nouvelle élève, Marina, aussi bizarre qu’introvertie. Les ennuis commencent…
Ruche Hour.
Visiblement, le cinéma ne démord pas de l’intérêt cinématographique de Facebook. Le réseau social a déjà inspiré les plus grands, dont Fincher et son The Social Network, mais aussi d’autres projets d’essai. Des tentatives à risques, imparfaites mais à l’approche jusqu’au-boutiste à saluer, comme l’étonnant Unfriended, sorte de found footage dont le point de vue est celui d’un écran de MacBook. Friend Request, lui, semble avoir pourtant 10 ans de retard.
Excluant toute fantaisie de réalisation ou de mise en scène, Friend Request, de loin, de dos et sous la tempête, arbore les atours classiques d’une vieille série Z comme on n’en voit plus au cinéma. Pour s’en convaincre, il suffit de zieuter rapidement le casting tout droit sorti d’une production Aaron Spelling des années 90, dominée par l’embarrassante Alycia Debnam-Carey (des séries de troisième zone The 100 et Fear The Walking Dead). Elle est accompagnée d’un bellâtre évidemment inconnu au bataillon (et qui devrait le rester) qui signe l’une des pires prestations vues de mémoire récente.
Frend Request est de ces films qui soulignent à quel point le cinéma est un art large, polyvalent et pluridisciplinaire, précisément du fait qu’il en massacre chaque branche de représentation. Image, montage, mise en scène, effets spéciaux, trame et bruitages sonores, bande originale, cadrage, lumière, rythme, propos : c’est un sans-faute. On y retrouve tout ce qui fait le sel des films d’horreur cheap d’aujourd’hui marketés pour un jeune public qu’on prend pour idiot.
THE SOCIAL NIGHTMARE
Du jumpscare paresseux qui ne fait plus peur à personne (hormis aux prépubères qui n’auraient vu que 3 films d’horreur de leur vie) à base de passage de 0 à 140 décibels en 0.4 secondes, aux meurtres filmés en mode faux-cul où rien n’est montré par pudibonderie, en passant par la sempiternelle et grotesque mythologie de la sorcière : les thèmes abordés reniflent le renfermé et l’exploitation décérébrée. Le long-métrage crée l’exploit de tenter de refiler son propos moralisateur à une cible générationnelle dans le plus grand conservatisme – en un mot, le moindre écart face au conformisme social mène automatiquement à devenir paria, ou pire encore : possédé-vomito.
À vrai dire, la démarche du visionnage de Friend Request a tout de l’espoir un peu fou d’une série Z nanardesque et drolatique plutôt que d’une quelconque prise de sérieux. En moins pompeux, qu’il y aurait quand même moyen de se marrer un peu. Sauf que non. Le film pousse le vice au point de ne même pas être assez con pour être un nanar. Il s’agit juste d’un énième navet sans âme, ni fait ni à faire, mis en branle par un producteur véreux avide de gros sousous et qui veut lui aussi surfer sur la mode du « Facebooksploitation movie ».
Bref, une grosse envie de claquer, autant son ordinateur portable que la tête de pas mal de responsables de cette e-bouse. Si vous y allez en pensant voir le dernier Verhoeven, vous risquez d’être déçus.
Florent Dufour & Robin Souriau
La fiche
FRIEND REQUEST
Réalisé par Simon Verhoeven
Avec Alycia Debnam-Carey, William Moseley, Liesl Ahlers…
Allemagne – Horreur
Sortie en salle : 23 novembre 2016
Durée : 92 min