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FRENCH CONNECTION

8
Immersion tendue

Deux flics des stups, Buddy Russo et Jimmy Doyle, dit Popeye, se retrouvent sur la piste d’une grosse livraison d’héroïne en provenance de Marseille. De planques en filatures, d’arrestations en courses-poursuites dans les rues de New York, Popeye et Russo vont démanteler ce que les archives du crime appellent désormais… la French Connection.

Héros de conduite.

Auréolé de cinq Oscars et sorti en 1971, soit deux ans avant L’Exorciste, French Connection est l’autre grand succès de William Friedkin. Le projet trouve ses prémices dans la rencontre du réalisateur avec Sonny Grosso et Eddie Egan, les vrais flics impliqués dans l’affaire du début des années soixante, qui héritent d’ailleurs chacun d’un rôle dans le film. Par son investigation colossale sur la véritable affaire de la French Connection et sa capacité à créer une ambiance pesante, Friedkin, qui qualifiera plus tard le trafic d’héroïne au cœur de l’intrigue de « Mal en poudre », insuffle à son polar noir une portée sociale, proche du documentaire.

Même en le découvrant plus de quarante ans après, l’immersion dans les entrailles de ce Brooklyn où règne le vice, de ses ruelles puantes à ses bars mal fréquentés, demeure particulièrement efficace. Aussi sombre que le maudit Sorcerer, mais sans en atteindre le nihilisme, French Connection nous plonge en apnée dans un New York nerveux et embrumé, avec les rapports de prédation pour seule loi, et la mort comme seule issue.  

Ce qui marque également, c’est la maîtrise qu’a Friedkin de l’action ; jamais vaine, toujours au service de son ambiance. Impossible en effet de ne pas évoquer la fameuse scène de 15 minutes ayant à jamais changé la façon de filmer les poursuites, et dont l’héritage se mesure aussi bien dans les Bourne de Paul Greengrass que dans les James Bond, en passant par La nuit nous appartient. Alchimie parfaite entre un dispositif colossal, un Doyle (Gene Hackman) jonglant en permanence entre détermination et folie pure, et une mise en scène entièrement dévouée à l’immersion, cette séquence demeure, encore aujourd’hui, l’une des plus grandes scènes de poursuites jamais filmées.

Finalement, Friedkin maîtrise tellement l’univers de son œuvre qu’il se permet, comme il le refera six ans plus tard dans Le Convoi de la peur, de conclure son film par un ultime coup de feu en dehors du champ. Cette capacité à permettre au spectateur de s’approprier les enjeux de ses protagonistes et de leurs intrigues jusqu’à pouvoir s’affranchir du cadre, constitue, à n’en pas douter, toute la force de son cinéma.

La fiche

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FRENCH CONNECTION
Réalisé par William Friedkin
Avec Gene Hackman, Roy Scheider, Patrick McDermott…
Etats-Unis – Policier
Sortie : 14 Janvier 1972
Durée : 104 min




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