THE PERFECTION
La ficheRéalisé par Richard Shepard – Avec Allison Williams, Logan Browning…
Etats-Unis – Thriller, épouvante – Sortie (Netflix) : 24 mai 2019 – Durée : 90mn
Synopsis : Le sens de la perfection qui anime deux génies de la musique, Charlotte et Elizabeth, va peu à peu les mener vers le chemin de l’opposition.
La critique du film
Après The Witch, Get Out, Sans un bruit et Hérédité, le nouveau cinéma de genre appelé « elevated horror » outre-Atlantique compte désormais un membre de plus dans sa clique avec The Perfection, signé du vétéran Richard Shepard et débarqué directement sur Netflix. Et qui dit « elevated horror », dit scénario ambitieux et atmosphère pesante qui reposent sur autre chose que du jumpscare facile et de la petite fille possédée ricanante.
Le scénario ambitieux et l’atmosphère pesante sont bel et bien présents, notamment lors de quarante premières minutes venant poser avec perfection (sans jeu de mots) les bases d’un récit dont il sera difficile de ne pas dévoiler les tenants et les aboutissants. Cette première moitié de film, évoquant tour à tour les univers paranoïaques et stylisés de Polanski ou De Palma, s’avère sacrément efficace dans sa capacité à jouer avec les nerfs du spectateur. Son point culminant : une longue séquence dans un bus, particulièrement intense et éprouvante pour n’importe quelle personne normalement constituée.
Pour l’amour du twist
Dommage que la suite ne soit malheureusement pas à la hauteur, un twist imprévisible mais pas forcément très finaud tirant le récit vers toute autre chose, redistribuant soudainement les cartes. À partir de là, le réalisateur et ses scénaristes changent de braquet et emmènent leurs deux protagonistes vers d’autres sphères, moins subtiles dans leurs intentions (la condition de la Femme VS la domination de l’Homme) et plutôt réduites dans leur déroulé : on accumule les poncifs et les clichés, tout le monde se met soudainement à surjouer, on s’affranchit de toute notion de vraisemblance et l’on s’efforce d’aligner le plus de retournements de situations possibles.
The perfection lorgne alors davantage vers la série Z qui, malgré une patine visuelle au-dessus de la moyenne, rappelle plutôt les productions Troma – la prétention en plus. On nous inflige même le fameux gimmick foireux du flashback inséré dans un autre flashback, histoire de bien asséner au spectateur ce qu’il avait pourtant déjà compris tout seul depuis dix longues minutes.
Au final, The Perfection accumule donc un peu les mêmes défauts que Get Out (avec lequel il parait son interprète féminine principale, Allison Williams – ce qui n’est peut-être pas une coïncidence), où toute l’intelligence de ce qui était mis en place dans sa première partie s’effondre petit à petit comme un château de cartes, pour faire place à une seconde partie plus vulgaire et versant allègrement dans le grand-guignol. Sans rien lui retirer de son ambition, en particulier sur un plan formel (même Paul Haslinger à la musique a composé une partition pleine de classe), on reste frustrés par le manque de finesse et tant de maladresse dans le traitement de l’intrigue…