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LE MONDE SECRET DES EMOJIS

Sans intérêt

Au sein de l’appli de messagerie, la cité de Textopolis fourmille d’activité : c’est là que vivent tous les émojis, chacun porté par l’espoir d’être choisi par l’utilisateur du téléphone… Dans ce monde, chaque émoji ne possède qu’une seule expression faciale. Seul Bof, un émoji exubérant né sans aucun filtre, dispose de multiples expressions. Rêvant désespérément de devenir « normal », pareil aux autres émojis, Bof demande de l’aide à son meilleur ami, Tope-Là, et à la célèbre casseuse de codes, Rebelle. Tous trois s’embarquent dans une « app-venture » épique d’appli en appli, passant d’un monde fou et amusant à l’autre, à la recherche du code qui accomplira le rêve de Bof. Mais un terrible danger menace bientôt le smartphone. Le destin de tous les émojis repose désormais sur les trois amis. À eux de sauver leur monde avant qu’il ne soit effacé à jamais…

Low five.

Sir Patrick Stewart est un acteur sublime. Il a récité des milliers de lignes de Shakespeare au théâtre, a joué le plus anglais des français dans Star Trek : La Nouvelle Génération, a fait de la harpe dans le Dune de David Lynch, a joué dans le flamboyant Excalibur de John Boorman, a été le Professeur Xavier dans la saga X-Men – d’une qualité irrégulière, mais passons. Il sera loué pour tout cela. Mais pas pour avoir joué l’emoji caca dans The Emoji Movie.

Franchement M. Lynton et Mme Pascal, vous n’avez pas honte ? Apparemment non et de toute façon les dollars amassés à la sortie du film doivent atténuer les mauvaises critiques qui ont fleuri à sa sortie – 9% d’avis favorables sur Rotten Tomatoes seulement. Dire que Sony avait arraché en 2015 les droits du film au nez et à la barbe de la Paramount et de Warner Bros, flairant le bon coup dans l’ère du temps, où les aubergines se mélangent harmonieusement dans les conversations de la vie quotidienne avec des poings serrés ou des têtes de chats. À la base, l’idée viendrait de l’amour que porte Tony Leondis, le réalisateur du film, à Toy Story. Tout le monde aime Toy Story, mais là, tout de même, un truc a manifestement dérapé entre les premières idées et ce qui est arrivé dans les salles obscures en juillet dernier.

Gene, un futur emoji “meh” un peu trop passionné par tout ce qui l’entoure pour être efficace dans son futur travail, cherche à prouver à sa famille qu’il peut être un “meh” très convaincant. Pas de bol, ce n’est pas le cas et le voilà condamné à errer dans le téléphone portable d’un jeune ado qui essaie de draguer une de ses camarades de classe (une longue histoire inintéressante), entre Facebook et Twitter, tout en passant par Dropbox, Candy Crush et Spotify. Tout ça pour trouver sa voie d’emoji, vivre une romance vue cent millions de fois au cinéma, tout en évitant de tuer le sidekick rigolo doublé par un James Corden insupportable dont toutes les blagues tombent à l’eau avant même qu’elles ne sortent de sa bouche.

Le manque total d’inspiration, de l’écriture – qui pourtant aurait commencé en 2015 – à la mise en scène, en passant par le jeu des acteurs et des actrices, n’est pas vraiment une surprise. Tony Leondis a, semble t-il, réfléchi à son projet durant quelques années, mais cela ne suffit pas à créer un bon film – sinon The Room en serait un et Tommy Wiseau aurait fait des films indépendants qui l’aurait conduit à réaliser des blockbusters pour Sony ou Warner. Mais au moins aurait-il pu être un film. Sauf que le distributeur en a sans doute décidé autrement, tout occupé à le modeler en un vulgaire réceptacle de spots publicitaires, tous introduits avec l’élégance d’un tacle de Cyril Rool quand ce dernier traînait sa magnifique crinière châtain sur les terrains de Bastia ou de Lens. Le but était peut-être de réaliser le même tour de passe-passe que la Warner avait réussi grâce à The Lego Movie : un placement de produit géant qui avait été un carton planétaire. Sauf que ce dernier fonctionnait en tant que film, était plutôt bien écrit, plutôt bien mis en scène et bénéficiait d’un casting vocal aux petits oignons.

Le monde secret des Emojis doit se contenter de n’être que le Videokid des années 2010 : un machin cynique qui n’existe que pour satisfaire les volontés de celui qui l’a commandé. Et encore, Videokid avait au moins la décence de bénéficier de Fred Savage et Christian Slater au casting. Dans The Emoji Movie, vous ne trouverez rien de bien intéressant. À moins que vos amis aient voulu vous offrir cette croûte pour rigoler et que vous comptiez honorer leur présent avec une bouteille à 12°, il est peut être plus préférable de revoir un Mix YouTube© des meilleurs tacles de Cyril Rool.




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