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LES RÉVOLTÉS DE L’AN 2000

Un couple d’Anglais, Tom et Evelyn, débarque dans la station balnéaire de Benavis pendant les festivités d’été. Préférant fuir la foule, ils prévoient de partir le lendemain pour la petite île d’Almanzora. Dans ce lieu ignoré des touristes, les Anglais auront tout à loisir de se reposer pendant leurs deux semaines de vacances, en particulier Evelyn qui est enceinte. Mais à leur arrivée, ils découvrent un village totalement abandonné de ses habitants. Bientôt, des enfants au comportement étrange font leur apparition. Et s’ils avaient quelque chose à voir avec la disparition de la population adulte ?

Critique du film 

Réalisé en 1976 et auréolé d’un Prix de la Critique au festival d’Avoriaz 1977, Les Révoltés de l’An 2000, possède un titre original plus explicite : Quien puede matar a Un nino ? Littéralement : Qui peut tuer un enfant ? Son début provoque tout de suite une forte impression de malaise et ce pour deux raisons. Tout d’abord, la ritournelle du générique évoque la berceuse inquiétante et entêtante que Krzysztof Komeda composa pour Rosemary’s Baby de Roman Polanski. Ensuite, des images d’archives relatives à Auschwitz, à la guerre indo-pakistanaise, à celle du Vietnam et à d’autres conflits rappellent que les enfants sont les premières victimes de la folie meurtrière des hommes. Et aussi que parfois, l’horreur appartient à notre monde bien réel et n’est pas une fiction fantastique. 

Il s’agit de l’adaptation d’un roman de Juan José Plans, mais avec beaucoup de modifications. Contrairement au livre, le film ne donne pas d’explication rationnelle au comportement agressif des enfants. Ce qui le rapproche des Oiseaux d’Alfred Hitchcock. Le réalisateur de Révoltés de l’An 2000,  Narcisco Ibanez Serrador, a d’ailleurs souvent été comparé au maître du suspense en Espagne, en raison d’une série télévisée qui fit sa popularité : Historias para no dormir. Grand cinéphile, il présentait également chaque semaine un film d’horreur sur une chaîne espagnole et a marqué toute une génération de futurs cinéphiles, dont certains sont ensuite passés derrière la caméra : parmi eux, Guillermo Del Toro et Jaume Balaguero.

L’île aux enfants

D’autres références au cinéma sont bien sûr présentes à l’esprit : L’Autre, Les Innocents, La Malédiction ou Le Village des damnés. Le thème de l’enfant diabolique ou inquiétant a souvent été traité au cinéma, pas seulement dans des films de genre – on se souvient des gamins du Ruban Blanc – et pas seulement à l’étranger, puisqu’en 1976, un très intéressant film de science-fiction français traitait d’un sujet similaire : Demain les mômes de Jean Pourtalé, avec Niels Arestrup. Mais on pense aussi à l’univers de George A. Romero et même à Steven Spielberg pour la scène de la plage au début du film. Clin d’œil aux Dents de la mer, sorti un an avant le tournage ? On peut le penser d’autant plus que les deux réalisateurs avaient sympathisé lors d’un festival en France. (Steven Spielberg venait y présenter Duel).

Dans Les Révoltés de L’an 2000, l’angoisse et l’horreur montent crescendo. Le décor idyllique de l’île n’est là que pour mieux nous faire apprécier la maestria avec laquelle le réalisateur se joue des clichés : l’horreur a lieu en plein jour et la menace vient d’enfants qui n’ont pas l’aspect repoussant de zombies, mais qui semblent s’amuser du mal qu’ils font. La scène du vieil homme pendu par les pieds, sur lequel s’acharnent les gamins et celle de l’église sont autant de moments étrangement crédibles.

A sa sortie le film fut interdit en Finlande et en Islande, en raison de sa violence. A son atmosphère cruelle et à son idée d’une sorte de justice divine qui s‘abat sur l’adulte, coupable des pires crimes, se mêle l’intrusion du fantastique dans le quotidien. D’où une angoisse qui sourd à chaque instant, amplifiée par la musique et le travail sur la bande-son.

Une œuvre majeure du cinéma fantastique à redécouvrir dès le 16 septembre en DVD ou en Blu-ray. Si possible, on privilégiera ce second support pour le supplément exclusif à celui-ci d’autant plus qu’il s’agit d’une édition limitée steelbook.


DISPONIBLE au cinéma et en vidéo le 16 SEPTEMBRE 2020 chez CARLOTTA.
Détail de suppléments : 
Présentation du film par Fabrice Du Welz : 5 minutes
Qui peut tirer sur un enfant : 16 minutes : entretien avec le directeur de la photo du film, José Luis Alacaine
Le Metteur en Scène des enfants : 9 minutes : le réalisateur revient sur le roman qu’il a adapté
Narciso Ibanez Serrador vu par… : 27 minutes
Histoires du cinéma fantastique espagnol : 28 minutes : Exclusivité Blu-Ray
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