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LE PROCÈS

Joseph est réveillé à l’aube par des policiers présents dans son appartement. Ni une ni deux, il est embarqué et traîné devant un tribunal sans savoir ce qui lui arrive. Ce fonctionnaire pris dans les rouages d’une société tentaculaire et absurde va tout faire pour s’en sortir…

Dédale.

Il est toujours difficile d’écrire sur un monument du cinéma, partagé entre la crainte de ne pas être à la hauteur de l’hommage et celui de n’avoir tout simplement rien à (re) dire. Le plus simple est donc peut-être d’éviter l’analyse poussive, la sur interprétation ou la quête du bon mot qu’on réserve parfois à d’autres films, et de retranscrire l’émotion laissée par la première projection.

Le Procès fait partie de ces films bâtisseurs de la cinéphilie de certaines personnes, et l’Education Nationale n’y est pas pour rien dans la mesure où l’auteur de ses mots a découvert l’Œuvre en l’étudiant au lycée, en complément du roman de Kafka. Même sur une télé cathodique dans une salle de classe passablement éclairée, Le Procès reste une claque monumentale, un bijou de mise en scène, où Welles joue avec les plans : séquences, plongée et contre-plongée, sans jamais tomber dans l’exercice de style prétentieux et abscons. En prenant quelques libertés par rapport au roman, qui est déjà en soit un matériau brut puissant, Welles se place en véritable artisan du cinéma et donne toute son ampleur à cette histoire oppressante et étourdissante.

Sa caméra colle littéralement aux basques d’Anthony Perkins qui joue un homme qui va être arrêté et pris dans l’engrenage de la justice, sans jamais en connaître la raison. Si Perkins est encore aujourd’hui essentiellement identifié pour son rôle de Norman Bates dans Psycho, c’est clairement pour celui de Joseph K. qu’il mérite largement la reconnaissance et pour lequel il exploite une nouvelle fois une variante de la paranoïa. À ses côtés, deux reines du cinéma à la beauté saisissante, tout en séduction et en mystère : Romy Schneider et Jeanne Moreau.

Le film s’enfonce dans un dédale asphyxiant au cœur de l’injustice, de l’incompréhension et des aberrations bureaucratiques, renforcé par des décors imposants et écrasants, pour beaucoup directement réalisés par Welles. Tourné entre Rome, Zagreb et Paris, une bonne partie de la mise en boîte du long-métrage s’est déroulée dans la gare désaffectée d’Orsay, avant que celle-ci ne soit transformée en Musée.

Publié en 1926 et sorti en salle en 1962, Le Procès reste ébouriffant de modernité dans son propos et se regarde comme un film d’anticipation, tant il résonne avec bien des situations ubuesques vécues aujourd’hui à travers le Monde.


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