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LE NOUVEAU

La première semaine de Benoit dans son nouveau collège ne se passe pas comme il l’aurait espéré. Il est malmené par la bande de Charles, des garçons populaires, et les seuls élèves à l’accueillir avec bienveillance sont des «ringards». Heureusement, il y a Johanna, jolie suédoise avec qui Benoit se lie d’amitié et tombe sous le charme. Hélas, celle-ci s’éloigne peu à peu pour intégrer la bande de Charles. Sur les conseils de son oncle, Benoit organise une soirée et invite toute sa classe. L’occasion de devenir populaire et de retrouver Johanna. 

Freaks et geeks.

L ’adolescence pique sa crise dans le cinéma français de deux manières différentes.  Elle est soit approchée à travers l’angle naturaliste et auteurisant (Les 400 Coups, A nos amours!, Naissance des pieuvres…), soit via la comédie plus ou moins inspirée (La Boum, Sexy Boys, Les Beaux gosses…). Des exemples trop disparates pour constituer un corpus convaincant du teen movie à la française, alors que le cinéma américain s’est fait une spécialité du genre. Le Nouveau, dernière exploration hexagonale en date de l’âge ingrat, est une synthèse de tout cela. Il investit joyeusement le registre comique, sans tourner le dos au réalisme, et semble prendre pour modèles plus ou moins directs les oeuvres de John Hugues (pour ses accents « mélancomiques ») ou le plus récent Supergrave (pour ses anti-héros).

Alors que le public français a réservé un accueil triomphal à l’adaptation d’une BD potache (Les Profs 2, plus gros succès tricolore au box-office de l’année) sans remettre en cause le fait que la tête d’affiche, Kev Adams, 24 ans, n’a plus vraiment l’âge d’être un lycéen, le premier long de Rudi Rosenberg en est à des années lumières. Le Nouveau arrive dans les salles obscures sur la pointe des pieds, entre Star Wars VII et la bûche de Noël, sans star au générique – hormis Max Boublil qui n’a que deux scènes – et avec des acteurs qui ont l’âge de leurs personnages. L’humour, lui, fait mouche grâce à la spontanéité des interprètes ne laissant jamais deviner où commence et où s’achève l’improvisation. Il y a, dans ce film, quelque chose qui « sonne vrai » et, si l’on rit beaucoup, le scénario ne se dévoie pas dans le gag facile. Au milieu des vannes et du comique de situation surgissent la cruauté de cet âge-là, celle des insultes gratuites et du harcèlement scolaire, de la douleur d’être marginalisé ou de passer inaperçu.

Le Nouveau remuera indéniablement ce que le spectateur avait enfoui plus ou moins profondément dans son inconscient pour peu qu’il n’ait pas séché ses cours de cinquième. Et c’est sans doute cela qui inspire d’emblée une sincère empathie pour Benoît, le « nouveau » du titre, qui a quitté la Normandie pour Paris et doit s’intégrer dans une classe où il ne connait personne. Ses difficultés d’adaptation, les vexations dont il est l’objet ou le parcours du combattant pour exister auprès des élèves plus populaires ne manquent pas de faire écho au propre vécu du public.

Attention, le film propose aussi son versant heureux, avec ses délires de gamins, ses numéros de drague maladroite ou sa conclusion grisante. Avec sa galerie de personnages, archétypaux mais pas trop, Rudi Rosenberg réhabilite les « freaks » et les geeks, ceux qui ne rentrent pas dans le moule des collégiens « populaires » parce qu’ils n’ont pas les bonnes fringues, le bon humour ou le degré suffisant de coolitude. Ces prétendus bolos sont dessinés avec beaucoup de tendresse sans jamais être moqués, leurs supposées bizarreries révélant leur force de caractère. Drôle, émouvant, cruel et euphorisant, et donc à l’image des années collège, Le Nouveau est aussi un beau film sur l’amitié, la meilleure arme de l’école de la vie. 

 


Actuellement disponible sur Netflix




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