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KOUTÉ VWA

Melrick a 13 ans. Il passe ses vacances d’été chez sa grand-mère Nicole à Cayenne, en Guyane et apprend à jouer du tambour. Mais sa présence fait soudain resurgir le spectre de son oncle, ancien tambouyé tué dans des conditions tragiques. Confronté au deuil qui hante toute la communauté, Melrick cherche sa propre voie vers le pardon.

Critique du film

Aby Warburg avait cette jolie formule pour parler de l’histoire de l’art : « une histoire de fantômes pour grandes personnes ». Selon lui, les images sont porteuses d’une mémoire puisqu’elles sont le témoin de cultures. Dans le cinéma, la survivance des images était devenue un des grands soucis de Godard, notamment via ses Histoires du Cinéma. Avec son premier long-métrage, Kouté Vwa, Maxime Jean-Baptiste réinvoque le pouvoir fantomatique des images pour revenir, une dizaine d’années plus tard, sur le décès brutal de son cousin, Lucas Diomar. Les vidéos d’archives ouvrant et clôturant le film, ainsi que les plans fictionnels créés par le réalisateur, font à la fois resurgir un évènement douloureux ayant endeuillé la conscience collective, mais rappellent également une réalité plus large : celle de la violence endémique en Guyane. 

Ayant un moment pensé porter l’histoire de Lucas Diomar, son cousin et DJ et musicien très apprécié au sein de son quartier sous la forme du documentaire, Maxime Jean-Baptiste a finalement opté pour la fiction. L’auteur se retire donc totalement du récit pour pleinement endosser ce rôle de passeur de mémoire, de récits, de leçons et de vie. En effet, si l’absence de Lucas est difficile à ne pas remarquer – des affiches et des graffitis en sa mémoire tapissent les murs et les intérieurs partout dans le quartier -, le film prend beaucoup de temps avec son protagoniste, Melrick, le neveu du défunt et petit-cousin du cinéaste. Rien de surprenant alors qu’une des premières scènes du film soit un échange entre Melrick et sa grand-mère sur sa vie sentimentale. 

Le film prend toujours la décision de se concentrer sur les motifs d’espoir plutôt que de documenter la violence. L’effet cathartique ne passe pas par la vengeance, la grand-mère de Melrick lui explique que la violence n’endigue pas la violence dans une belle scène toute en simplicité, mais par l’observation de tout ce que la vie à offrir de beau et de pur. La caméra suit Melrick jouant au football avec ses amis ou en se préparant pour rejoindre un carnaval en tant que tamboyer pour donner à voir une autre Guyane de celle des reportages. À des images très médiatisées, ultra relayées et impersonnelles, Maxime Jean-Baptiste en supplante de nouvelles, plus chaleureuses, plus lumineuses.

Bande-annonce

16 juillet 2025De Maxime Jean-Baptiste