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ENCANTO – LA FANTASTIQUE FAMILLE MADRIGAL

Dans un mystérieux endroit niché au cœur des montagnes de Colombie, la fantastique famille Madrigal habite une maison enchantée dans une cité pleine de vie, un endroit merveilleux appelé Encanto. L’Encanto a doté chacun des enfants de la famille d’une faculté magique allant d’une force surhumaine au pouvoir de guérison. Seule Mirabel n’a reçu aucun don particulier. Mais lorsque la magie de l’Encanto se trouve menacée, la seule enfant ordinaire de cette famille extraordinaire va peut-être se révéler leur unique espoir…

Critique du film

Premier ‘’Classique’’ d’animation des studios Disney à retrouver le chemin des salles obscures en France depuis La Reine des Neiges 2 (si on ne compte pas En Avant, issu de la branche Disney-Pixar), Encanto a pour mission de redorer le blason de la firme aux grandes oreilles, après un Raya et le dernier Dragon médiocre et quasi instantanément oublié par tout le monde (la sortie exclusive sur Disney + n’a certainement pas aidé). Sur le papier, tout est en place pour rassurer : deux réalisateurs ayant pour faits d’armes Raiponce et Zootopie, soit deux des plus belles créations récemment produites par le studio. Ils sont accompagnés par le très à la mode Lin Manuel Miranda pour l’écriture des chansons. Mais autant de talents combinés suffisent-ils à provoquer chez le spectateur la magie invoquée par le sacro-saint divertissement de noël familial ?

Visuellement étincellant

Évidemment, Encanto est visuellement splendide. Si l’on est en droit d’attendre l’excellence de ce côté de la part d’un blockbuster à 50 millions de dollars, il faut rendre hommage aux dizaines d’artistes mis à contribution dans le projet. Le film jouit d’une animation toujours fluide, riche en détails et textures et contient quelques-unes des idées de mise en image les plus stimulantes vues dans un Disney ces dernières années. Des trésors d’ingéniosité ont été notamment trouvés pour donner vie à la casita où résident les nombreux membres de la famille Madrigal. La demeure parait toujours tangible et sa géographie jamais confuse, et ce malgré une architecture complexe liée à la dimension magique du lieu – le fameux encanto (sort) du titre. On sent le soin tout particulier apporté aux différents décors du film qui ne cessent d’évoluer en termes de lumières, couleurs et perspectives alors que la quasi-totalité de l’intrigue se déroule à huis clos !

L’autre point fort du film réside dans sa partition musicale (en V.O par pitié). Là aussi, difficile d’en attendre moins de la part de Lin Manuel Miranda, également co-auteur de l’histoire. Le génie de Broadway signe avec le compositeur David Newman une bande originale entraînante et punchy qui puise naturellement dans des influences latines et s’inspire même du reggaeton pour accompagner certaines scènes. Le résultat est toujours engageant, voire assez inédit au pays de Mickey et au milieu de tubes crispants type ‘’Libérée, Délivrée’’. 

Encanto

Désenchantement

C’est malheureusement la seule touche d’originalité que vous pourrez espérer trouver dans le long métrage. S’il se suit sans réel déplaisir, le scénario d’Encanto emprunte une route tellement balisée dans son traitement qu’il en devient très/trop rapidement prévisible. Cette fable contre le déterminisme social et familial présente pourtant une héroïne attachante avec des enjeux certes simples mais efficacement caractérisés. Mais le parcours de cette dernière pour se construire et trouver sa place au sein de sa communauté (une thématique chère à Lin Manuel Miranda) enchaîne les scènes et situations déjà vues mille fois ailleurs en mieux. De ce fait, le spectateur a souvent un temps d’avance sur l’héroïne et se prend à attendre fermement la prochaine scène musicale pour contrer l’ennui qui pointe.

C’est d’autant plus dommage que le film lance des pistes de réflexion intéressantes, notamment dans le portrait qu’il dresse d’une matriarche sévère, tellement aveuglée par la peur de tout perdre qu’elle se convainc d’orchestrer quelques horreurs au sein de son clan familial au nom du bien commun (au hasard : le bannissement d’un enfant et un mariage arrangé !). Une approche assez cruelle qui tranche avec les précautions habituellement prises par Disney pour évoquer la cellule familiale ; celle-ci étant quasiment toujours synonyme de refuge et de protection inconditionnelle, même lorsque des conflits se manifestent entre ses membres. Dans Encanto, cet arc est malheureusement bien vite rattrapé par la nécessité du récit de ne souffrir d’aucune ambiguïté morale vis-à-vis de son ‘’antagoniste’’. Il suffira d’un rebondissement d’une pauvreté émotionnelle confondante pour permettre au personnage de rentrer dans les rangs d’une morale familiale un peu facile et préconçue. 

Encanto ne sonne donc pas encore le renouveau du film d’animation Disney qu’on aurait aimé qu’il soit. Tout juste est-il une production soignée, non dénuée de charme mais dont le cahier des charges programmatique empêche toute once d’émotion de s’installer. À ce titre, son cousin Pixar qu’est Coco le bât à plate couture ! Il faut alors se résoudre à un triste constat : après avoir connu un nouvel âge d’or au début des année 2010, avec pour point d’orgue le succès critique et artistique de La Reine des Neiges, Disney Animation semble se reposer sur des lauriers qui commencent sérieusement à faner…

Bande-annonce

24 novembre 2021De Byron HowardJared BushCharise Castro Smith




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