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EGOIST

Kōsuke travaille pour un magazine de mode. Très soucieux de son apparence, il embauche Ryūta comme coach sportif. Au fil des entraînements, une romance s’installe entre les deux hommes. Mais Ryūta décide de mettre brusquement fin à leur relation et disparaît…

Critique du film

Avec l’Italie, le Japon est l’un des rares pays du G7 à ne pas reconnaître officiellement les mariages homosexuels. En 2023, une loi destinée à lutter contre les discriminations envers les minorités sexuelles a failli être adoptée avant que les conservateurs n’interviennent pour la saboter. Dans son film, Daishi Matsunaga illustre la prudence que doivent s’imposer les couples homosexuels en cantonnant ses deux protagonistes, Kosuke, éditorialiste pour un magazine de mode, et Ryuta, coach sportif, dans des décors intérieurs, vidés de toute autre présence humaine que la leur. Lorsqu’ils évoluent en dehors de ce cadre feutré et intimiste, ils veillent constamment à ne pas afficher trop ostensiblement leur proximité. Même dans une rue déserte, Ryuta refuse de se balader en tenant la main de Kosuke.

L’embarras des personnages n’empêche pas Matsunaga de filmer avec assurance leurs rapports sexuels. Sans recourir à un érotisme ostentatoire, le rythme lent qu’il imprime à ces scènes, l’alternance de gros plans sur les visages des comédiens et la douceur des contacts charnels restituent avec puissance et éloquence la naissance d’une romance sincère. Leur idylle se retrouve perturbée lorsque Ryuta révèle un secret à Kosuke. À partir de ce moment, Egoist ne suit plus que sa propre logique. Ce qui était un univers intime et resserré devient un vase clos, difficilement rattachable à la vie réelle.

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Kosuke incarne parfaitement le film qui s’enferme dans son dogmatisme. Déraisonnablement humaniste et fraternel, il se plie en quatre pour subvenir aux besoins de Ryuta et de sa mère. Ces marques de tendresse répétitives perdent progressivement tout leur capital émotionnel, sans que le cinéaste semble s’en apercevoir. Cet altruisme débordant tisse des liens néo-filiaux dont l’éthique n’est jamais questionnée, tandis que le trope de l’homme plus âgé et fortuné attirant un jeune éphèbe est presque valorisé.

Du début à la fin, l’apparente pureté du film se transforme en une mélasse uniforme et sans relief. En voulant relancer l’intrigue avec un deuxième twist abracadabrantesque, le film sombre un peu plus dans un soap larmoyant et simpliste.

Bande-annonce

8 octobre 2025 – De Daishi Matsunaga