A SECOND CHANCE
Andreas est un jeune inspecteur prometteur qui gère, en plus de son travail, les crises et déboires de Simon, son coéquipier récemment divorcé. Quand il rentre de son service, il a le bonheur de retrouver sa femme et leur nouveau-né. Un matin, Andreas et Simon sont appelés pour une violente dispute chez un couple de junkies. Ils découvrent sur place un nourrisson laissé pour compte, caché dans un placard. Par identification avec son propre enfant, Andreas est en état de choc. Il retourne plus tard chez lui perturbé par cette intervention. En pleine nuit les cris de sa femme le réveillent. Face à l’impensable, Andreas va prendre une décision au-delà de toute raison.
Inégalité des chances.
A Second Chance fait partie de ces films qui ont des qualités indéniables mais qui ne réussissent pas à s’affranchir totalement d’un sentiment de déjà-vu qui les plombe. D’une part à cause de l’idée de base même du film – un échange de nourrisson sur fond de deuil et de différences sociales – et aussi parce que Susanne Bier ne semble jamais vraiment vouloir surprendre le spectateur, avec cette suite d’événements prévisibles et cette fin attendue. Difficile, donc, de s’enthousiasmer pour A Second Chance, malgré ses qualités et les thèmes très forts qui sont abordés : le deuil, les différences sociales (une famille plutôt aisée face à un couple de junkies à la dérive), la volonté d’être mère, etc.
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Car, si Susanne Bier ne surprend pas, elle a le mérite de bien filmer son histoire. La mise en scène met en place une ambiance intimiste, notamment lorsque le couple Andreas/Anne est à l’écran, qui nous fait nous attacher aux personnages. Autre qualité : A Second Chance parvient par moments à provoquer le malaise, comme dans cette scène où l’une des protagonistes se retrouve seule sur un pont en pleine nuit. En mettant Andreas face aux conséquences de son choix, Bier parvient à capter tout son déchirement moral, et comme l’interprétation de Nikolaj Coster-Waldau est bonne, ça fonctionne. Mais c’est surtout le personnage de Sanne (jouée par une excellente Lykke May Andersen) qui porte le film, tout d’abord soumise avant de se libérer peu à peu de l’emprise de son compagnon et dont l’espoir de retrouver son enfant lui donne une force extraordinaire.
Si Andreas et Sanne sont bien écrits, il n’en va pas de même pour Simon (le collègue d’Andreas) et Tristan (le compagnon junkie de Sanne), qui n’apportent pas grand-chose à l’intrigue, et contribuent au contraire à casser le rythme et l’ambiance intimiste. Le début du film souffre aussi de longueurs, notamment avec ces séquences tirées des Pusher de Refn en plus lisses et moins glauques et cette thématique de la différence sociale entre le policier et le couple de junkie qui justifie pour le premier le fait de substituer l’enfant aux seconds n’est que traitée en surface avant de disparaitre petit à petit du film. Mais le plus gros écueil de A Second Chance concerne Anne, la femme d’Andreas : son écriture est trop brouillonne pour vraiment toucher, Maria Bonnevie est en retrait par rapport à Nikolaj Coster-Waldau mais surtout, le film ne cherche jamais véritablement à se mettre à sa place ou à voir les événements de son point de vue ; Bier met clairement Andreas du côté du « gentil » parent et la fin, prévisible dès le début, est extrêmement culpabilisante et gratuite à son égard alors que les thèmes que porte Anne méritent clairement un traitement plus intelligent et profond.
Dommage de voir que A Second Chance manque le coche par son manque d’originalité et sa tendance à survoler certains points qui auraient pu en faire un bon film. Il n’est qu’un drame certes tout à fait regardable mais tout autant oubliable.
La fiche
A SECOND CHANCE
Réalisé par Susanne Bier
Avec GNikolaj Coster-Waldau, Lykke May Andersen…
Danemark – Drame
Sortie en salle : 13 janvier 2016
Durée : 102 min