DREAMS
Fernando, un jeune danseur de ballet originaire du Mexique, rêve de reconnaissance internationale et d’une vie meilleure aux États-Unis. Convaincu que sa maîtresse, Jennifer, une Américaine mondaine et philanthrope influente, l’aidera à réaliser ses ambitions, il quitte clandestinement son pays, échappant de justesse à la mort. Cependant, son arrivée vient bouleverser le monde soigneusement construit de Jennifer. Elle est prête à tout pour protéger leur avenir à tous deux, mais ne veut rien concéder de la vie qu’elle s’est construite.
Critique du film
On pouvait s’attendre à ce que le cinéma de Michel Franco poursuive la brèche humaniste ouverte par Memory (2024), qui racontait avec délicatesse la rencontre entre un homme et une femme dont les traumatismes entraient en écho pour s’apaiser mutuellement. Il n’en est rien au sein de Dreams, portrait d’un couple en déséquilibre affichant une noirceur à toute épreuve, proche de la misanthropie de Sundown (2022), voire de la cruauté de Nouvel ordre (2020). Le titre lui-même est une provocation, en référence aux espoirs cassés des Mexicains qui traversent la frontière états-unienne au péril de leur vie.
Tout oppose Fernando (Isaac Hernández, danseur de ballet dont c’est l’un des premiers rôles au cinéma) et Jennifer (Jessica Chastain, également co-productrice), c’est le moins que l’on puisse dire : lui est un danseur mexicain sans papier arrivé avec difficulté aux États-Unis, elle est la fille d’un homme richissime dont elle s’occupe de la Fondation. Ils se sont rencontrés dans une école de danse financée par la philanthrope et ont entamé une liaison, qu’il faut accepter comme telle si on veut adhérer au reste du film. Michel Franco cherche moins à faire passer leur histoire pour un potentiel conte de fées qu’il ne s’en sert afin d’imposer immédiatement sa vision sans appel d’un conflit entre deux pays, deux classes politiques et sociales, n’envisageant jamais autrement les choses que sous l’angle des rapports de force.

Les retrouvailles entre le cinéaste et Jessica Chastain font naître un contraste frappant avec Memory, leur précédente collaboration : au contraire de la tendresse qui se dégageait de leur film new-yorkais, il s’agit ici sans cesse d’impossibilité et d’obstruction. La mise en scène froide et frontale parvient à être percutante lorsqu’elle s’attache à raconter le passage d’un groupe de migrants dans un camion, à la frontière des États-Unis et du Mexique. Elle continue à l’être lors de scènes sexuelles entre les deux protagonistes, crues mais jamais gratuites, bien placées pour faire avancer le récit. En revanche, elle l’est nettement moins lorsque le scénario tend à faire croire à un récit amoureux torturé, lequel semblait déjà bien peu réaliste depuis le départ.
Face à une histoire et des rebondissements aussi invraisemblables, l’actualité brûlante perd de sa puissance et devient un simple arrière-plan. À force de pessimisme, Michel Franco rend tout le monde malaimable et la distance que maintient sa caméra devient distance avec son sujet lui-même.
Bande-annonce
28 janvier 2026 – De Michel Franco






