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RUNNING MAN

Dans un futur proche, The Running Man est l’émission numéro un à la télévision : un jeu de survie impitoyable où des candidats, appelés les Runners, doivent échapper pendant 30 jours à des tueurs professionnels, sous l’œil avide d’un public captivé. Chaque jour passé augmente la récompense à la clé — et procure une dose d’adrénaline toujours plus intense. Ben Richards, ouvrier désespéré prêt à tout pour sauver sa fille gravement malade, accepte l’impensable : participer à ce show mortel, poussé par Dan Killian, son producteur aussi charismatique que cruel. Mais personne n’avait prévu que Ben, par sa rage de vivre, son instinct et sa détermination, devienne un véritable héros du peuple… et une menace pour tout le système. Alors que les audiences explosent, le danger monte d’un cran. Ben devra affronter bien plus que les Hunters : il devra faire face à un pays entier accro à le voir tomber. 

CRITIQUE DU FILM

Comment un tweet a pu transformer un projet intéressant en un film attendu ? En 2017, le réalisateur britannique Edgar Wright avait tweeté son envie de réadapter en salle Running Man, le livre de Stephen King paru en 1982. Sur le papier, l’idée avait de l’allure : quelle meilleure époque pour retranscrire à l’écran une dystopie où règnent les régimes d’images de conglomérats médiatiques, modifiables à volonté pour servir leurs intérêts au détriment du bien commun ? Huit ans plus tard, la promesse s’est réalisée, et le film débarque en salle en cette fin d’année 2025.

Mais alors que le nom d’Edgar Wright suscitait l’enthousiasme, le projet finalisé laisse un arrière-goût d’inachevé. Dans les faits, le film est bien une satire acerbe de la société moderne manipulée, instrumentalisée par l’afflux incessant de vidéos qui lui parviennent et qui altèrent son discernement. À ce titre et comme acte de résistance métatextuelle, Wright a fait le pari d’être dans la littéralité permanente, où le medium (cinématographique mais aussi, au sein de la diégèse, télévisuel) devient le message. Il n’hésite pas à briser le quatrième mur, à bousculer le régime narratif pour créer une forme de piratage du récit-cadre, et pas que dans les rebondissements subis par le personnage au fil de ses rencontres. 

Malgré tout, ce choix spécifique offre un grand lot d’inconvénients, puisque la littéralité et les déviations perpétuelles créent forcément l’anticipation du spectateur. Ainsi, on peut facilement deviner dans quelles péripéties s’embarque le film, ce qu’il en ressortira à la fin, et in fine lasse rapidement. Tous ses personnages manquent aussi de saveur et de candeur, ce qui peut s’entendre dans cette société désabusée et véloce – le film est mené tambour battant, sans respiration durant une bonne heure et demie – mais qui éloigne toute possibilité d’attache et d’empathie envers les participants ou résistants de l’émission meurtrière. De fait, si les enjeux sont compréhensibles en cinq minutes chrono, il est difficile de donner du cœur à l’affaire, tellement le fil narratif s’avère lourdingue et rapide.

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Le script, déjà lourd, n’est pas compensé par une mise en scène étonnamment monocorde : Wright aligne les longues focales impersonnelles et des dialogues surlignés, sans véritable inventivité. Ses scènes d’action, forcément rythmées par la fuite en avant de son protagoniste pour survivre à ses multiples assaillants, deviennent programmatiques, engoncées dans un système qui se répète tant dans leurs mécanismes que dans leurs mises en scène. Il existe bien une poignée de séquences plus réussies, dont une visible dans la première bande-annonce, mais elles se comptent sur les doigts d’une main et ne relèvent pas le film de sa monotonie. Cinéaste de forme, dont le fond est toujours très attenant, Wright a plus de mal à s’extirper de l’évidence et des concepts éculés sur les thèmes qui dominent le livre initial et ce film. La critique qu’il énonce manque de coffre et l’oblige à se répéter dans ses idées, jusqu’à un final qui a du sens, mais qui souffre d’un manque terrible d’originalité. 

Au fond, peu de choses restent en tête une fois Running Man terminé, sinon l’amère impression d’un rendez-vous manqué : peu imaginatif, parfois assommant, et dont les scènes d’action auraient gagné à davantage de variations. Il faut toutefois nuancer : Running Man ne signe pas la fin d’un cinéaste ni de ses ambitions. Pléthore de réalisateurs talentueux se sont heurtés à un film à gros budget sont nombreux, sans que cela ne remette en cause leurs capacités. Celui à qui l’on doit l’histoire des Aventures de Tintin ou le cultissime Hot Fuzz a sans doute encore beaucoup à offrir.

BANDE-ANNONCE

19 novembre 2025 – De  Edgar Wright

Avec Glen PowellJosh BrolinWilliam H. Macy