still_chien-51

CHIEN 51

Dans un futur proche, Paris a été divisé en 3 zones qui séparent les classes sociales et où l’intelligence artificielle ALMA a révolutionné le travail de la police. Jusqu’à ce que son inventeur soit assassiné et que Salia et Zem, deux policiers que tout oppose, soient forcés à collaborer pour mener l’enquête.

Critique du film

Avant de réaliser son biopic sur Johnny Hallyday, Cédric Jimenez s’aventure du côté de la science-fiction avec Chien 51. Dans ce film convenu et un peu foutraque, Paris est imaginé comme une cité dystopique divisée en trois zones. Le centre abrite les plus aisés, tandis que la périphérie relègue les plus pauvres dans la Zone 3. C’est dans ce décor désenchanté, loin de l’imagerie romantique de la capitale, que Zem et Salia sont chargé·e·s d’élucider le meurtre mystérieux de Kesser, inventeur d’une intelligence artificielle destinée à assister la police dans ses enquêtes. Zem (Gilles Lellouche), inspecteur insubordonné de la Zone 3, fait équipe avec Salia (Adèle Exarchopoulos), plus rigoureuse mais cantonnée à la Zone 2 et encore peu rompue aux réalités du terrain.

Pour adapter le roman de Laurent Gaudé, le réalisateur de Bac Nord a substitué la ville fictive de Magnapol à un Paris plus morcelé que jamais. Ce déplacement lui permet de rattacher la science-fiction — un genre auquel on n’associe pas d’emblée le cinéaste marseillais — à un cinéma d’ordinaire enraciné dans le réel, traversant des environnements bouillonnants où les points de rencontre entre les policiers et la population suscite une intense crispation. Mais l’approche trop rêche de de ses sujets, couplé à un montage frénétique qui préfère systématiquement les rushs de dopamine que l’élaboration d’une certaine complexité, plonge le film dans l’ataxie. 

Chien 51

Si, dans ses livres, Gaudé se permet de délaisser la psychologie, il compense en immergeant son lecteur dans un univers épique et engageant. Disposant d’une marge de manœuvre plus restreinte que le romancier, Cédric Jimenez ne sait où donner de la tête entre les multiples thématiques de l’œuvre originale : l’hyperconnectivité du monde, la ségrégation sociale, les dérives d’un techno-capitalisme incontrôlable. Finalement, ceux qui restituent le mieux ce climat de paranoïa sont ses figurants qui, dès l’apparition des drones ou de la police, se couvrent le visage d’une cagoule ou d’un casque afin d’échapper à l’identification numérique.

Le refus de miser sur la capacité d’attention de son spectateur évoque moins le visionnage d’un Blade Runner ou même d’un Hunger Games qu’une interminable séance de doomscrolling, où des séquences usées, recyclées et ternes défilent mécaniquement. Ainsi, lorsqu’apparaît une publicité pour une marque bien réelle en hologramme géant sur un gratte-ciel, on en vient presque à guetter le petit bouton « Passez la publicité ». 

Au fond, Chien 51 ressemble à une ébauche de dissertation qui énoncerait les grandes lignes de son propos sans jamais en développer le contenu, jusqu’à une conclusion assénant lourdement un message simpliste : ne laissez plus les grandes entreprises accéder à vos données.

Bande-annonce