AMOUR APOCALYPSE
Adam est un propriétaire de chenil au grand cœur. Pour combattre son anxiété écologique, Adam commande une lampe solaire thérapeutique, ce qui l’amène à rencontrer Tina, une femme rayonnante dont la voix apaise tous ses soucis.
Critique du film
Présenté en compétition à la Quinzaine des Cinéastes à Cannes, Amour apocalypse s’est imposé comme l’une des curiosités les plus réjouissantes de la sélection. Derrière son titre paradoxal, le film déploie une comédie sentimentale où les tremblements sentimentaux se conjuguent à une atmosphère de fin du monde, dans un mélange de tendre absurdité et de mélancolie caustique.
Ce qui frappe d’abord, c’est le ton singulier : l’humour, à la fois pince-sans-rire et délicieusement décalé, semble surgir de chaque interaction, situation ou dérapage verbal, porté par le talent de Patrick Hivon. Jamais forcé, il s’ancre dans une observation minutieuse des personnages, dans leur façon de composer avec leurs désirs et leurs peurs alors que tout vacille autour d’eux. L’apocalypse n’est pas ici une question de cataclysme spectaculaire mais bien une métaphore des bouleversements amoureux et existentiels, vécus à hauteur d’humain.
La narration se déploie dans une logique imprévisible, refusant les codes rassurants de la romcom classique. Les détours narratifs, les ruptures de ton, les élans soudains vers le burlesque ou le tragique donnent au film une vitalité rare et une liberté séduisante. Cette imprévisibilité reflète autant le chaos du monde que l’impossibilité de prévoir les chemins du cœur. Derrière l’humour et l’ironie, Amour apocalypse se révèle pourtant profondément politique : il interroge la manière de continuer à aimer, à croire en l’autre et en l’avenir dans un monde en ruine, réel ou symbolique. C’est ce fragile équilibre entre légèreté et gravité, entre dérision et tendresse, qui fait toute la réussite d’un film qui confirme la vitalité du cinéma québécois dans sa capacité à traiter de grandes thématiques – l’amour, le temps, la finitude – par des voies résolument décalées et originales.
21 janvier 2026 – D’Anne Émond






