ÉTRANGE FESTIVAL 2025 | 31e ÉDITION : Bilan et palmarès
Du 2 au 13 septembre, le Forum des Images a de nouveau vibré au rythme des étrangetés cinématographiques. Pour sa 31ème édition, l’Étrange Festival a prouvé qu’il restait l’un des rendez-vous les plus singuliers et précieux du calendrier cinéphile, entre avant-premières, découvertes inclassables et projections rares.
BILAN DE LA 31e ÉDITION
La manifestation s’est achevée samedi soir avec la première mondiale de Gérald Le Conquérant, le nouveau film de Fabrice Eboué (en salles le 3 décembre). Avant ça, et malgré une durée réduite – douze jours au lieu de treize – et plusieurs séances annulées le 10 septembre en raison du mouvement de blocage national, la fréquentation a tenu bon, avec près de 30 000 spectateurs.
Côté palmarès, le Grand Prix Nouveau Genre 2025, remis par Canal+ et l’Étrange Festival, a consacré The Forbidden City (La Città proibita) de l’Italien Gabriele Mainetti, présenté en première française. Il succède au film d’action indien Kill de Nikhil Nagesh Bhat primé l’année dernière. Une récompense qui s’accompagne d’un achat par Canal+ pour diffusion. C’est une première dans l’histoire du festival qu’un cinéaste obtienne deux fois cette distinction, Mainetti ayant déjà été couronné en 2016 pour On l’appelle Jeeg Robot. Et la fête a été totale pour le cinéaste italien puisque The Forbidden City a également remporté le Prix du Public, succédant cette fois à La Jeune femme à l’aiguille de Magnus Von Horn.
La compétition internationale de courts métrages, riche de 46 films issus de 18 pays, a vu son Grand Prix Canal+ attribué à Glute de Victor Ruprich-Robert (Belgique), qui sera lui aussi diffusé sur la chaîne cryptée. Le Prix du Public a, de son côté, distingué Playing God, film d’animation franco-italien de Matteo Burani.

Fucktoys
Si certains films en compétition ont pu surprendre par leur présence (Hold the Fort, plus proche de la série B amateur que d’un prétendant au palmarès), l’édition a offert de très belles découvertes. The Forbidden City est un sympathique vainqueur, mais on retiendra plus particulièrement le très beau Fucktoys, premier long métrage audacieux de l’Américaine Annapurna Sriram, ou la relecture contemporaine du mythe de Méduse proposée par la réalisatrice grecque Evi Kalogiroupoulou avec Gorgonà. Également intéressant, 40 Acres, film post-apocalyptique engagé et très bien troussé du Canadien R.T. Thorne.
Hors compétition, le festival a oscillé entre confirmations et surprises. Outre les nouvelles œuvres de Ben Wheatley (Bulk) et Kirill Serebrennikov (La disparition de Josef Mengele), le public a pu découvrir en avant-première le poétique et drôle Animal Totem de Benoît Delépine, ainsi que le réjouissant délire animé Lesbian Space Princess des Australiennes Hobbs et Varghese. Avec son humour corrosif, le film a laissé le public hilare, comme l’avait fait aussi le délirant Flush, du français Grégory Morin.

Les cartes blanches ont, elles, offert des moments de cinéma rares. Le cinéaste américain Stephen Sayadian a ainsi permis au public de revoir Les Diables (1971) de Ken Russell, film culte longtemps invisible pour des raisons de censure et de droits, et de découvrir la fresque monumentale La Chute d’Otrar (1991) d’Ardak Amirkoulov, digne des grandes épopées de Tarkovski ou Kurosawa. Le prolifique cinéaste kazakh Adilkhan Yerzhanov, figure familière de l’Étrange, a lui aussi bénéficié de sa carte blanche. En plus d’avoir présenté trois de ses propres films récents (Cadet, Kazakh Scary Tales, et Moor), il a programmé des œuvres qui lui sont chères, parmi lesquelles Le Pont (1959) de Bernhard Wicki, bouleversant plaidoyer pacifiste du point de vue des allemands durant la Seconde Guerre Mondiale, et Sous l’emprise du démon (1968) de Roy Boulting, brillant thriller à la croisée du giallo et d’Hitchcock.
Enfin, la présence de la légendaire Barbara Steele, véritable icône du cinéma d’horreur, venue présenter plusieurs de ses films dont Frissons, le premier long de David Cronenberg, a marqué les esprits et rappelé combien ce festival reste un lieu de rencontres précieuses pour les amoureux du 7ème art de tous les âges.
Une fois encore, l’Étrange Festival a tenu sa promesse : offrir un panorama unique où se mêlent avant-premières, raretés et œuvres inclassables. Cette 31ème édition confirme l’importance de l’événement dans le paysage cinéphile. Et déjà, l’impatience se fait sentir pour la prochaine.
Nos critiques des films présentés en sélection :
- Animal totem
- Bulk
- Flush
- Fucktoys
- La disparition de Josef Mengele
- Lesbian space princess
- The forbidden city






