AUX JOURS QUI VIENNENT
Nice, de nos jours. Laura, la trentaine, essaie de se reconstruire après une relation tumultueuse avec Joachim. Elle mène une vie en apparence tranquille, en élevant seule sa petite fille. Mais l’accident de Shirine, la nouvelle compagne de Joachim, va faire ressurgir son passé. Les deux femmes, en proie à la violence du même homme, vont peu à peu se soutenir…
Critique du film
Quand Shirine frappe à la porte de Laura, une lien invisible se tisse entre elles. Deux femmes, deux histoires, un même homme. Joachim, ancien compagnon de Laura, compagnon actuel de Shirine, les a toutes deux blessées — psychologiquement, physiquement. L’une s’est enfuie, par instinct de survie, mais en porte encore les stigmates, quand l’autre tente de les contenir. Leur rencontre, imprévue et chaotique, devient le cœur battant (bien qu’un peu tardif) du film : celui d’une sororité en train de naître, fragile mais vitale.
Avec Aux jours qui viennent, Nathalie Najem met en scène une violence sourde, sans grand cri ni effet de manche, celle de l’emprise : domination psychologique, contrôle des gestes, possessivité et effacement progressif de l’autre. Zita Hanrot et Alexia Chardard, toutes deux irréprochables, incarnent ce vertige avec pudeur et intensité. C’est dans leurs regards et leurs expressions que passe l’essentiel : l’angoisse, la désorientation et le besoin de se reconstruire.

Face à elles, Bastien Bouillon prête ses traits à un homme toxique, en apparence séduisant, qui dévoile rapidement son instabilité et ses excès. Si Najem choisit de ne pas le diaboliser, préférant montrer sa fragilité, ses contradictions, ses tentatives d’être un père « difficile à aimer », cette approche interroge. À trop vouloir expliquer les mécanismes de l’agresseur, le film ne court-il pas le risque d’émousser la réalité de sa violence ? Dans ce souci d’équilibre émotionnel, certains gestes indéfendables — le harcèlement, l’intrusion, la gifle — paraissent parfois sous-traités, presque absorbés par le trouble ambiant. La nuance, ici, a un prix, celui d’un possible brouillage de la responsabilité masculine, de la fuite des responsabilités.
Aux jours qui viennent convainc par sa recherche d’une émotion palpable et par sa mise en scène du lent reflux de la peur. Il rend hommage à ces femmes qui restent debout, qui accueillent et tendent la main, parfois bien malgré elles.
Bande-annonce
23 juillet 2025 – De Nathalie Najem






