À GENOUX LES GARS
En l’absence de sa sœur Rim, que faisait Yasmina dans un parking avec Salim et Majid, leurs petits copains ? Si Rim ne sait rien, c’est parce que Yasmina fait tout pour qu’elle ne l’apprenne pas. Quoi donc ? L’inavouable… le pire… la honte XXL, le tout immortalisé par Salim dans une vidéo potentiellement très volatile.
Ceci est une pipe.
Plus de la moitié des dialogues de À genoux les gars tourne autour de la verge et de la pratique buccale qui rend marteau les mecs de cette fiction banlieusarde écrite à la truelle. C’est amusant deux minutes, éventuellement, mais à la longue ça devient vite fatiguant. Derrière la peinture dénonciatrice d’un milieu qui utilise le sexe comme arme de domination sur la femme, À genoux les gars ressemble la majeure partie du temps à un interminable happening dans lequel les « performeurs » se regardent jouer face-caméra. Les protagonistes, entre deux « frère » assénés à tout bout de champ et leurs « suce ma bite » comme si la vie était un film porno, s’écharpent autour de l’unique enjeu : fellation ou pas fellation ?
Derrière l’impro et la répartie vulgaire mais verbeuse, certains trouveront un peu de satisfaction, arguant que cette parole, aussi chatoyante soit-elle, a « du clito » car elle brise quelques tabous sans avoir froid aux yeux. Mais Desrosières peine à rendre cinégénique son portrait de cette jeunesse Youporn. On est bien loin des percutants de Kechiche, Cantet ou Larry Clark.
Au final, au lieu d’éveiller les mentalités, À genoux les gars dérange plus qu’il n’amuse et préfère le spectaculaire (artificiel) à l’authencité. Du féminisme à deux balles et grande gueule qui voudrait dénoncer les violences faites aux femmes et le machisme de quartier mais s’enferme dans un mécanisme un peu facile, refermant plus de portes qu’il n’en ouvre.
La fiche
Parfaite critique! Et vous avez oublié la condescendance envers les maghrébines à les rapporter tout le temps au sex. La tradition de l’orientalisme et l’esprit colonial dans toute sa splendeur.