Star Wars : Rogue One | Une bande-annonce au croisement du bien et du mal

Impossible, même pour le Bleu du Miroir, d’échapper à l’expansion perpétuelle de la galaxie Star Wars. Après un épisode VII mené sans grande prise de risque par J.J. Abrams, Disney a mis les blasters sur la table et a annoncé, sans sourciller, droit dans les yeux de tout un marché, inonder le calendrier de sorties majeures et de produits dérivés. Quelque part entre les deux, Star Wars : Rogue One est le premier des spin-offs de la série à débarquer sur grand écran fin 2016, équidistant des sorties de Star Wars VII et Star Wars VIII. La bande-annonce et l’affiche officielle nous donnent l’occasion de faire le point.

Format : 1/1

Petit retour sur le pourquoi du comment de Rogue One, pour ceux qui se seraient coupés du feed Star Wars par peur raisonnée du trop-plein. Lorsque Disney acquiert les droits de la saga Star Wars des mains de George Lucas, l’idée de se cantonner à une trilogie fait bien rire les exécutants. En plus des épisodes VII, VIII et IX se greffent un trio d’histoires alternatives, donnant toujours plus de chair à la bible galactique et vendant toujours plus de rêve et de places à tous les profils de spectateurs, des nerds affamés aux simples curieux, en passant par papa et maman entraînés par le fils glouton. 6 films à production XXL pour 6 ans d’exploitation : le rassurant ratio de 1/1 n’a rien d’un format technique mais tout d’un plan marketing même pas dissimulé.

Après tout, la galaxie est vaste et les fondations bipolaires (disons manichéennes pour faire joli) de Lucas sont aisément malléables. Sur le papier, il y a toutes les raisons d’être méfiant de ce Rogue One dont les objectifs rigides rappellent davantage les obsessions totalitaires de l’Empire que les beaux idéaux de la République. C’est pourtant de cette dernière qu’il s’agit dans le prochain épisode de la saga. Rogue One s’éloigne du grand arc du bien et du mal, des jedis et des siths pour s’intéresser aux petites gens, aux héros de l’ordinaire – d’autres diraient aux sans-dents de l’univers. Transposé juste avant Star Wars IV : Un nouvel espoir, le spectateur prend place aux côtés des rebelles afin de tenter de voler les plans de l’Etoile Noire, l’arme absolue de l’Empire, et d’y trouver une faille pour organiser sa destruction.

La guerre des stars

C’est du côté du casting que Rogue One tend à briser notre bouclier de prudence distante. Certes, le duo principal tire encore une fois dans des noms à faible écho chez le grand public : le quidam découvrira à l’occasion Felicity Jones (Like CrazyUne merveilleuse historie du temps) et Diego Luna (ElysiumHarvey Milk) sous les noms de Jyn Erso et du capitaine Cassian Andor, cibles d’identification et protagonistes du scénario. Là où Rogue One tend à s’émanciper de la stratégie de Star Wars VII, c’est dans un listing de noms prestigieux qui constitue une littérale guerre des étoiles. Côté gentils (appellation naïve mais appropriée au sujet), on trouve Mads Mikkelsen, Donnie Yen (Ip Man), Riz Ahmed (We Are 4 LionsThe Night Of), Alan Tudyk en droïde et même Forest Whitaker en vieux sage. Un tout qui forme une petite troupe au demeurant bien sympathique.

En face, chez ceux qui s’habillent en noir et qui suivent Dark Vador (présent dans le film dans un poids encore secret), James E. Jones reprend sa voix iconique, secondé par le toujours excellent Ben Mendelsohn (Animal KingdomThe Place Beyond The Pines). On esquisse un sourire sincère. La bande-annonce, sans mettre K.O. son monde, lui est au moins fidèle et cohérent. Puis, le visage se contrit de nouveau. On repense à quelques déclarations moroses au milieu de l’été, à un reshoot contraint et forcé – jamais bon signe dans un blockbuster. Les images de l’affreuse coquille vide Godzilla rappellent que Gareth Edwards est très loin d’avoir entamé le virage du budget XXL avec aisance et décontraction. 

Le bien, le mal, encore et toujours

Rogue One est à une intersection périlleuse. Des deux droites perpendiculaires du carrefour, le traffic est effréné. D’un côté, le film peut très bien se révéler comme le premier opus d’une trilogie alternative, plus profonde et plus humaine que la principale, laissant place à des cinéastes remuant (dans la limite du raisonnable) les carcans de la série, portée par des acteurs confirmés ravissant de leur charisme à la fois le grand public et les cinéphiles. De l’autre, il peut terriblement décevoir, devenir une suite de productions hâtives à la vanité abyssale, cristalliser l’emprise mercantile de Disney et définitivement dégoûter certains du plus célèbre space opera du cinéma. Rogue One peut s’incarner en un stormtrooper déshumanisé, exécutant bêtement les ordres qu’on lui donne, ou se révéler l’âme d’un rebelle. D’un héros populaire. D’un jedi, s’il en a la force.  

rogue-one-affiche

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