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MAGIC MAGIC

8
Très bon

ALICIA, UNE JEUNE AMÉRICAINE QUITTE POUR LA PREMIÈRE FOIS SON PAYS POUR PASSER DES VACANCES AU CHILI. ELLE SUIT SA COUSINE ET TROIS DES AMIS DE CETTE DERNIÈRE SUR UNE ÎLE ISOLÉE. RÉSERVÉE, MAL À L’AISE ET À FLEUR DE PEAU, ELLE PEINE À S’INTÉGRER. SON SÉJOUR DEVIENT RAPIDEMENT UN CALVAIRE MENTAL.

La folie rôde

Augustin Silva ne cache pas que le cinéma paranoïaque de Roman Polanski l’a beaucoup influencé pour Magic Magic. Il aurait eu du mal à le dissimuler tant l’inquiétante étrangeté qui s’échappe de chaque plan rappelle immédiatement celle qui est à l’œuvre dans la filmo du réalisateur franco-polonais. Coucou Rosemary’s Baby, Le Locataire, et surtout Répulsion.

À des motifs balançant entre incongruité, bizarrerie et surréalisme (un chiot galeux geignant abandonné sur le bord de la route aussitôt après avoir été recueilli, une partie de tennis-roller…) s’agrègent de nombreux non-dits (la cousine d’Alicia doit passer une journée de plus à Santiago pour une raison que l’on pressent autre que celle qu’elle invoque, l’un des amis bataille avec une homosexualité qu’il n’assume pas…). Couplés au choc des cultures et à la barrière de la langue – les amis basculant sans cesse entre anglais et espagnol – ces éléments perturbent l’équilibre d’Alicia que l’on devine dès les premières images fragile mentalement. Très vite la méfiance et le doute vicient l’air : et si les amis de sa cousine n’avaient rien de bienveillants ? Et s’ils lui voulaient du mal ? La folie rôde. Le spectateur est invité à entrer en empathie avec Alicia (Juno Temple).

Bien qu’elle soit agaçante, à bien des égards, on ne peut que faire corps avec elle : on assiste aux événements essentiellement de son point de vue. Sachant que sa perception paraît grandement altérée, on se laisse gagner par la fièvre. Augustin Silva se plaît à mettre en scène des hallucinations quasi-imperceptibles. Il s’amuse, par exemple, à rendre mouvantes les fleurs du canapé sur laquelle l’héroïne est étendue pour une séance d’hypnose… Magique, magique. Une manière de nous inciter à gober l’incroyable et de nous préparer à un dénouement aussi puissant que déstabilisant. Une fois cette conclusion venue, on est confrontés aux mêmes questionnements qu’Alicia : Que fallait-il voir ? Qui fallait-il croire ? – FabR

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MAGIC MAGIC

RÉALISÉ PAR Sebastian Silva

CHILI – 97 MIN – THRILLER, DRAME

AVEC JUNO TEMPLE, EMILY BROWNING, MICHAEL CERA

28 AOÛT 2013




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A.
A.
10 années il y a

J’aime beaucoup cette conclusion qui résume selon moi plutôt bien le film. Le réalisateur arrive à laisser toutes les portes ouvertes, sans pour autant créer trop de courants d’air. On ne sait pas trop comment, ni pourquoi, mais le fait est que ça fonctionne. L’empreinte surréaliste est là, qui rode, à la limite du cauchemar, dans ces fleurs mouvantes qui tanguent et disparaissent, ainsi que dans les diverses incantations – sous toutes leurs formes possibles – qui parcourent le film et lui confèrent son caractère magique, entre malaise spectral et nausée bien tangible. Contente que tu aies apprécié autant que moi en tout cas.

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