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FAIS DE BEAUX RÊVES

5
Nostalgique

Turin, 1969. Massimo, un jeune garçon de neuf ans, perd sa mère dans des circonstances mystérieuses. Quelques jours après, son père le conduit auprès d’un prêtre qui lui explique qu’elle est désormais au Paradis. Massimo refuse d’accepter cette disparition brutale. Année 1990. Massimo est devenu un journaliste accompli, mais son passé le hante. Alors qu’il doit vendre l’appartement de ses parents, les blessures de son enfance tournent à l’obsession…

Mia Madre.

Dans le Turin des années 1960, Massimo, un petit garçon (l’intense Nicolo Cabras), et sa mère partagent une danse endiablée qui laisse éclater, dès cette séquence inaugurale, leur émouvante complicité. De regards en taquineries, tous deux esquissent, sans un mot, les contours d’une relation privilégiée, bientôt rattrapée par la maladie et l’absence. Traumatisé après la disparition de cette mère idolâtrée, le jeune garçon se retrouve seul, déboussolé face aux mensonges de grandes personnes incapables de gérer judicieusement ce drame. Devenu adulte, la souffrance de ces non-dits reste intacte et régit toujours impérieusement l’existence d’un homme à qui l’on refuse encore la vérité.

Pour son vingt-cinquième long-métrage, Marco Bellocchio revient à une veine plus sentimentale, marquée par le ressassement de ses thématiques fétiches, en adaptant le roman autobiographique du journaliste Massimo Gramellini. Fidèle à son obsession de la figure maternelle, le cinéaste évoque, avec beaucoup de nostalgie, le destin gâché d’un personnage progressant dans une mélancolie d’enfant blessé. Jamais refermées, les cicatrices de Massimo (Valerio Mastandrea, parfait) continuent à suinter sous les apparences de sa réussite professionnelle. Il élabore ainsi un puzzle de vie, trop approximatif pour être pleinement épanouissant, constamment gangrené par l’ombre d’une trahison rendant toute évolution impossible.

En deux heures dix de patchwork alternant avec plus ou moins d’adresse les temporalités, le réalisateur italien questionne la persistance du souvenir, la douleur de vivre dans un passé qui s’est envolé. Pourtant, malgré une intelligente construction en flashbacks, Fais de beaux rêves s’enferme au sein d’une trajectoire trop attendue et d’une réflexion sur le deuil éventée dès les premières minutes. Aucune surprise ne vient alors bousculer un chemin (trop) bien tracé renvoyant inévitablement – dans une autre approche de la relation mère/enfant – au très beau Mia Madre de Nanni Moretti.

Sans doute excessivement représentatif de son univers (notamment dans son acerbe critique de la religion), le nouveau film de Marco Bellocchio s’orchestre perpétuellement entre la tentative d’un impensable lâcher-prise et l’incessante résurgence de la mémoire. Mais, au lieu de se concentrer sur cette délicate articulation, il s’étire en longueur et déséquilibre le fragile édifice qu’il tente de bâtir. L’enfance et l’âge adulte s’y confrontent alors difficilement à grands coups de symboliques maladroites (le plongeoir, la vente de l’appartement familial) dans les coulisses d’une éternelle partie de cache-cache avec les fantômes du passé.

La fiche

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FAIS DE BEAUX RÊVES
Réalisé par Marco Bellocchio
Avec Valerio Mastandrea, Bérénice Bejo, Guido Caprino… 
Italie – Drame

Sortie en salle : 28 décembre 2016
Durée : 130 min




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