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ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD

La fiche

Réalisé par Quentin Tarantino Avec Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie…
Etats-Unis Comédie dramatique – Sortie : 14 août 2019 – Durée : 165mn

Synopsis : En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus.

La critique du film

Pour les 25 ans de la Palme d’or de Pulp fiction, il y avait une certaine cohérence à retrouver Quentin Tarantino en compétition à Cannes avec un nouveau film fraîchement terminé. Casting de rêve, Brad Pitt et Leonardo DiCaprio dans les premiers rôles, un sujet sulfureux, l’année 1969 à Hollywood qui a vu l’éclosion de la violence meurtrière de la Manson family, tout était réuni pour que Once upon a time in Hollywood soit un événement. Celui-ci dépasse désormais le cadre cinématographique, l’engouement et la folie qui entourent les projections du film paraissant totalement disproportionné et irrationnel : utilisation du 35mm comme à son habitude, refus de programmer le film dans une autre salle que le Grand théâtre Lumière, petit mot passé pour préserver les séances de spoilers, on nage dans un climat tendu et quelque peu irréel.

Qu’en est il de ce neuvième long-métrage de l’américain ? Rick Dalton est un acteur de télévision qui a excellé dans les rôles d’actions qui l’ont rendu célèbre et le pousse à tenter sa chance sur grand écran, accompagné de son fidèle cascadeur et doublure Cliff Booth, qui lui sert également de chauffeur et de meilleur ami. Toute une partie du film plonge littéralement dans la création des fictions de cette fin des années 1960, rencontrant certains des mythes de cette période, notamment un Bruce Lee un peu ridiculisé. L’humour et le second degré sont omniprésents dans ce regard sur l’industrie du cinéma où Dalton fait figure de « has been » un peu ridicule, toujours la larme à l’œil et la dépression proche. C’est par son biais qu’on rencontre le couple Polanski, qui se trouve être voisin de Rick, baignant dans un bonheur rehaussé d’une bande son magnifique, qui plante un décor idyllique. Toute la première partie du film est extrêmement décompressée dans sa narration : Tarantino prend son temps, à la manière de ce qu’il a pu faire dans Jackie Brown ou récemment avec Django unchained, poussant cette logique à son paroxysme.

Leonardo DiCaprio dans Once upon a time in Hollywood
D’une certaine manière on profite du voyage, on suit Cliff Booth en voiture, on croise les fameux hippies qui sont moqués et raillés pendant tout le film, on respire l’air de Los Angeles qui semble se charger petit à petit d’une peur toute droit dirigée vers un ranch où réside la fameuse Manson family. Le drame est comme caché en hors-champ, tapi dans l’ombre, infusant l’air de son odeur méphitique.

Mythologie(s)

Quand Cliff va visiter le ranch avec une jeune femme pris en auto stop, chaque nouveau plan laisse à penser que quelque chose va arriver au personnage. La caméra joue avec le spectateur, fait monter son angoisse, supposant une explosion de violence imminente. Mais ce personnage joué par Brad Pitt est écrit de telle manière qu’il se moule dans la mythologie même du grand acteur révélé par Thelma et Louise. Bien souvent dans sa carrière, il a interprété des rôles tellement éthérés qu’il semblait être une figure divine, spectrale, qui survolait l’action et le monde terrestre, intouchable. Mais à l’instar de son rôle dans Burn after reading (2008) des frères Coen, il distille beaucoup d’humour, tant dans ses pérégrinations professionnelles, face notamment à Kurt Russell, ou dans sa relation avec son patron.

La nouveauté par rapport au reste de la filmographie de QT se trouve peut-être dans ce qu’il arrive à faire en terme d’ambiance : son film est presque atmosphérique, moins centré sur les dialogues, et plus sur les situations et ce qu’elles dégagent. Si tout est contenu en terme d’émotion, c’est pour avancer minutieusement sur le dénouement de l’histoire, afin de tout laisser exploser dans un tourbillon vertigineux. Tout comme dans Inglourious basterds, il n’est pas question ici de faire une reconstitution historique, même si certains détails sont respectés à la lettre, mais de s’amuser avec un pan de l’histoire, ici par tranches de culture populaire interposées. Tarantino reprend à son compte les titres des films de Sergio Leone, la série des Il était une fois, pour écrire son conte hollywoodien, un film qui lui ressemble énormément, peut être ce qu’il a fait de plus personnel à ce jour.

Barré, intense, fou et beau à la fois, Once upon a time in Hollywood est d’abord et avant tout un divertissement merveilleux. Immersif et réjouissant, il agit comme une expérience rare, tel un baume rafraîchissant qui fait tout oublier du quotidien, au profit d’une fiction qui ne ressemble à aucune autre. Et si le « barnum Tarantino » est désormais plus grand que l’oeuvre en elle-même, le visionnage de ce nouveau film rappelle son empreinte indélébile dans la paysage cinématographique, celle d’un grand réalisateur qui aura quoiqu’il arrive influencé son époque, avec une générosité et un amour de son art sans doute uniques en leur genre. Espérons qu’il lui reste plus d’un film pour continuer à nous le prouver d’aussi belle manière.



La bande-annonce

En compétition à Cannes 2019 // Au cinéma le 14 août




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