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KOMPROMAT

Russie, 2017. Mathieu Roussel est arrêté et incarcéré sous les yeux de sa fille. Expatrié français, il est victime d’un « kompromat », de faux documents compromettants utilisés par les services secrets russes pour nuire à un ennemi de l’Etat. Menacé d’une peine de prison à vie, il ne lui reste qu’une option : s’évader, et rejoindre la France par ses propres moyens…

Critique du film

Après la relative bonne surprise Zulu et l’ambitieux biopic consacré à J. Y. Cousteau, L’odyssée, Jérôme Salle revient au thriller avec l’adaptation du roman Kompromat de Caryl Ferey, qui co-signe le scénario de cette histoire inspirée de faits réels. Mathieu Roussel (Gilles Lellouche) dirige un établissement culturel et pédagogique en Russie, où il s’est installé avec son épouse (plutôt réticente au projet) et sa fille. Sûr de ses convictions, il organise une représentation contemporaine à coloration LGBT qui ne manque pas de crisper une partie du public, dont certaines personnalités influentes de la ville.

Quelques jours plus tard, quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il est arrêté de façon musclée par les autorités russes et accusé de posséder des images à caractère pédo-pornographique, avec suspicion de maltraitance sur sa fille. Incarcéré dans de sordides conditions, où sa sécurité ne semble plus vraiment garantie (sa réputation étant désormais entachée de ces accusations de pédophilie), il doit également se défendre de documents vraisemblablement falsifiés l’incriminant et du témoignage surprenant de sa femme corroborant les allégations à son encontre.

Seul contre tous

Clamant son innocence, Mathieu prend progressivement conscience qu’il est certainement victime d’un « kompromat », terme russe désignant des documents compromettants utilisés pour nuire à une personnalité publique, politique ou journalistique. C’est une véritable descente aux enfers pour ce père de famille, jusqu’alors très apprécié, qui va devoir trouver un moyen de se libérer de sa condition et, pour cela, de fuir le pays s’il souhaite éviter la prison et revoir sa fille. Dans son projet, il ne pourra compter sur grand monde mais une aide inattendue lui viendra de Svetlana, une femme mariée russe avec laquelle il avait tissé un début de lien avant que le scandale n’éclate. Pourquoi l’aide-t-elle ? Ne joue-t-elle pas un double jeu ?

La seconde partie du film sera ainsi imbibée d’un climat de paranoïa alors que le personnage de Gilles Lellouche, convainquant, s’efforce de quitter le pays par ses propres moyens. L’environnement enneigé des forêts offre le cadre d’une exfiltration séduisante ne manquant pas de rappeler quelques incontournables du film d’espionnage. L’autre atout de Kompromat réside dans cette relation ambivalente qui se créé avec Svetlana (parfaite Joanna Kulig), personnage aux multiples facettes qui touche et déroute. Ce versant sentimental, qui aurait pu apparaître factice, se révèle finalement particulièrement poignant, renforçant la dimension humaine de ce combat d’un homme pour sa liberté.

Bande-annonce

7 septembre 2022De Jérôme Salle, avec Gilles LelloucheJoanna Kulig




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