WAR ON SCREEN 2025 | 13e édition : faites des films, pas la guerre !
La treizième édition du Festival international War on Screen se déroule du 6 au 12 octobre 2025 à Châlons-en-Champagne et dans plusieurs communes du Grand Est. Unique en Europe, ce rendez-vous cinématographique est entièrement consacré à la guerre et à ses représentations à l’écran. Année après année, il s’impose comme un lieu de réflexion et de découverte où se rencontrent cinéastes, chercheurs, journalistes, étudiants et grand public. Plus qu’un festival, il se veut un espace de mémoire et de débat, où le cinéma éclaire l’actualité des conflits tout en interrogeant notre rapport à l’image.
L’édition 2025 est placée sous le signe d’une interrogation centrale : comment le cinéma, la presse et plus largement la création peuvent-ils rendre compte des conflits contemporains, de l’Ukraine à la Palestine, de l’Iran au Liban, et préserver notre capacité de jugement face à la désinformation et aux récits instrumentalisés ? Le festival rend hommage au réalisateur ukrainien Sergei Loznitsa, invité d’honneur, dont l’œuvre, entre fiction et documentaire, a marqué les grands festivals internationaux. Ses films Austerlitz, Dans la brume et Deux procureurs seront présentés, accompagnés d’une masterclass animée par Joël Chapron.
Comme chaque année, l’événement est rythmé par une cérémonie d’ouverture et de clôture, des rencontres, des débats et de nombreuses avant-premières (dont Arco, récompensé à Annecy, et Le gâteau du président, Caméra d’Or à Cannes). C’est le Suédois Tarik Saleh qui lancera le festival avec Les Aigles de la République, plongée satirique dans les arcanes du pouvoir égyptien, tandis que la clôture sera marquée par Furcy, né libre d’Abd Al Malik, qui retrace la lutte d’un esclave de l’île de La Réunion pour obtenir sa liberté.

Entre ces deux moments forts, la programmation propose une grande diversité de regards à travers les compétitions internationales de longs et courts métrages. On y découvrira par exemple My Father’s Shadow de Akinola Davies Jr, qui suit une famille au cœur du Lagos contemporain, Under the Volcano de Damian Kocur, chronique d’une famille ukrainienne brutalement transformée en réfugiés, Le Pays d’Arto de Tamara Stepanyan, voyage intime dans la mémoire de la guerre en Arménie, ou encore Militantropos, documentaire bouleversant sur les conséquences de l’invasion russe en Ukraine.
Les courts métrages, quant à eux, abordent la guerre avec des formes inventives et sensibles, comme Driving Lessons d’Anastasiya Gruba, où un père enseigne la conduite à sa fille dans un Kyiv en guerre, ou Dans la boue d’Andy Buron, récit d’entraide entre deux soldats piégés dans un cratère de la Première Guerre mondiale.
En parallèle des compétitions, plusieurs cycles thématiques élargissent la réflexion. Un focus sur la presse rappelle le rôle essentiel de l’information comme pilier démocratique, avec des films tels que Pentagon Papers de Steven Spielberg, Enquête sur un scandale d’État de Thierry de Peretti ou encore A Thousand Cuts, documentaire consacré à la journaliste philippine Maria Ressa. Un autre programme explore le cinéma fantastique japonais comme moyen d’exorciser les traumatismes de la guerre, depuis Les Contes de la lune vague après la pluie de Mizoguchi et Godzilla Minus One, jusqu’à Shin Godzilla et Steamboy.

Le festival propose également un cycle environnemental, où des œuvres comme Utama : La Terre oubliée ou Sabotage mettent en regard conflits écologiques et violences politiques, et un hommage particulier à La Reine Margot de Patrice Chéreau, restaurée pour l’occasion, replacé aux côtés d’autres chefs-d’œuvre tels que Macbeth d’Orson Welles ou Ran de Kurosawa.
Enfin, fidèle à sa mission de transmission, War on Screen multiplie les initiatives pédagogiques et participatives : ateliers pour les scolaires, parcours universitaires, séances spéciales et WoS Fabrique, programme européen d’accompagnement de jeunes cinéastes dont les projets explorent de nouvelles formes de récits autour de la guerre. Cette édition permettra notamment de découvrir des films issus de ces résidences, comme Room Service d’Artem Rachkelyuk ou Pour ceux d’Émile Parseghian.
Par la richesse de sa programmation, l’engagement de ses invité·e·s et l’importance donnée à la jeunesse, le festival continue d’affirmer son ambition : faire du cinéma un outil de mémoire, de critique et de liberté. Dans un monde où les conflits ressurgissent brutalement, War on Screen rappelle plus que jamais l’urgence de garder les yeux ouverts et de « faire des films, pas la guerre ».



