still_4-fantastiques

LES 4 FANTASTIQUES : PREMIERS PAS

Dans les années 1960, dans un New York alternatif aux allures rétro futuriste, l’équipe de super-héros des Quatre Fantastiques fait face à l’arrivée de Galactus, le dévoreur de Mondes.

Critique du film

La fatigue super-héroïque est un terme qui revient beaucoup ces derniers temps. Certains diront que ce sont davantage les films du genre qui sont mauvais pendant que d’autres blâment directement les figures iconiques drapées de capes et collants. Pourtant Warner Bros s’apprête à relancer un énième univers cinématographique DC avec son récent Superman et Marvel, en pleine crise, tente de tenir tête aux vents d’une industrie de moins en moins favorable. Qu’on le veuille ou non, ces gros studios font encore partie du paysage cinématographique actuel, pour le meilleur comme pour le pire. On est encore en droit d’espérer un quelconque sursaut de créativité venant des usines à humains boostés aux stéroïdes extra-planétaires. 

Il y a peu, Thunderbolts* n’avait pas vraiment convaincu au sein de nos colonnes. Il s’agissait pourtant d’un film envisagé comme une proposition plus sérieuse, avec un but créatif plus clair, quitte à le comparer lors de sa promotion aux œuvres marquées A24. Mais le vrai « messie » marvelesque s’avérait être Les 4 Fantastiques, équipe maudite au cinéma mais dont la nouvelle itération devait redonner un certain cap aussi bien artistique que scénaristique à un univers cinématographique à la dérive. 

fantastic four

Malgré la volonté de rendre ce 4 Fantastiques plus accessible, notamment en le délivrant du fameux carcan du multivers, la proposition ne fait jamais naître un véritable sentiment de singularité, y compris en incluant tous ses demi-efforts afin de faire miroiter l’inverse. En prenant Matt Shakman à la réalisation, Marvel espérait peut-être reproduire le léger succès critique de la série Wanda-vision, dont l’aspect sitcom, traversant les âges, avait positivement marqué. C’est à coup de design très 60’s, comprenant des télés cathodiques rondouillardes, quelques voitures profilées et des gros boutons rétro-futuristes, que le long-métrage s’offre une petite couche de vernis superficiel. Certes, ce léger changement de direction artistique permet de surprendre la rétine pendant les 15 premières minutes, mais finalement rien n’a changé derrière cet enrobage vintage. 

Passée la découverte d’une équipe à la dynamique familiale sympathique mais jamais sublimée, on retombe vite dans tout ce qui rappelle la faiblesse de Marvel en tant que studio créateur de blockbusters. L’innovation n’est même plus envisagée, les mêmes péripéties interplanétaires se poursuivent : un énième méchant détruit des buildings, une autre équipe de super-héros aux rôles sensiblement similaires à tout ce qui a été fait doit l’arrêter à tout prix et les combats s’enchaînent tout en étant entrecoupés par une paire de blagues puériles. 

Fantastic four

On parle bien ici de structure, mais ce n’est pas pour autant qu’une quelconque émancipation visuelle ose pointer le bout de son nez. Les pouvoirs ne sont jamais illustrés dans des scènes sciemment construites pour les voir en action, un comble pour un film censé jouer sur la complémentarité de ses protagonistes. Les champs contre-champs sur des fonds verts flous sont toujours là, les VFX en déroute également. On regarde ces acteurs, plutôt convaincants d’ordinaire, se débattre pour tenter de faire croire qu’il existe encore un intérêt à toute cette parade de costumes et d’effets spéciaux. Le visionnage est cela dit si similaire à tout ce qu’a déjà proposé Marvel, qu’on en vient à regarder cette débâcle super-héroïque avec un certain détachement, rien ne touche, rien ne surprend, c’est l’énième soupe froide resservie dans le même vieux bol tout craquelé.

Dur de dire que Les 4 Fantastiques rend optimiste pour la suite à donner tant on semble désormais tourner en rond. Le seul vrai point fort du film s’avère être auditif, avec la bande son de Michael Giacchino, donnant l’ampleur épique et grandiose que les visuels rêveraient d’avoir. Après plus de quinze années d’univers cinématographique, il serait peut-être temps de tourner la page ou à minima de réfléchir à changer une formule qui ne fonctionne plus, aussi bien d’un point de vue critique que commercial. Ce n’est pas le retour d’un Robert Downey Junior en grand méchant qui laisse entrevoir cette perspective, le seul but de Marvel étant désormais de jouer sur une pseudo nostalgie vouée à disparaître à mesure que la qualité de ses productions s’amenuise.

Bande-annonce

23 juillet 2025De Matt Shakman