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DE L’ÉCRIT À L’ÉCRAN | Bilan et palmarès d’une 14e édition réussie

L’édition 2025 du festival De l’écrit à l’écran à Montélimar s’est achevée sur un succès indéniable : plus de 32 000 spectateur·ices au compteur, malgré les contraintes imposées par la suppression soudaine du Pass Culture, qui a freiné la fréquentation scolaire. Ce chiffre témoigne d’un public fidèle, curieux et en demande de rencontres artistiques authentiques, et prêt à soutenir une programmation exigeante, avec de nombreuses séances affichant complet plusieurs jours en amont.

La sélection de cette année aura été à la hauteur des attentes, alliant diversité et sensibilité. En compétition, À pied d’œuvre de Valérie Donzelli, déjà récompensé au scénario à la Mostra, séduit par sa douce force ; Lumière pâle sur les collines, mélodrame japonais élégant, charme par sa mélancolie retenue et émeut par sa résonance historique ; L’inconnu de la grande arche de Stéphane Demoustier déploie un regard caustique et subtil sur nos incohérences institutionnelles ; et surtout La condition de Jérôme Bonnell, huis-clos parfaitement ciselé, s’impose comme l’un des sommets de cette édition, mêlant profondeur politique et émotionnelle, mise en scène subtile et interprétations sensibles.

Virginie Efira, invitée d’honneur du 14e festival De l’écrit à l’écran / Photo : ©Lise Levy

Parmi les moments forts de cette semaine, l’hommage rendu à Émilie Dequenne a entretenu la vibrante mémoire d’une comédienne rare. Les projections accompagnées des interventions d’invité·es de prestige — Virginie Efira, Gilles Marchand, Jérôme Bonnell, François Ozon, Rebecca Marder, Benjamin Voisin — et les conférences thématiques (animées entre autres par l’excellent Thomas Snégaroff) sont venues enrichir l’expérience, donnant chair aux films en révélant l’envers des textes adaptés, et ont consolidé un peu plus la place du festival montilien dans le spectre hexagonal.

Le Prix De l’écrit à l’écran 2025 a été remis à La petite dernière d’Hafsia Herzi, adaptation bouleversante du roman de Fatima Daas, dont la force tient autant à la justesse des personnages qu’à la pudeur de sa mise en œuvre. Une distinction méritée pour un film qui avait déjà capté l’attention à Cannes, tant par la prestation bluffante de Nadia Melliti (prix d’interprétation féminine) que pour la force de ses personnages insuffisamment représentés dans le paysage français. Un point commun que partage l’irrésistible Ma frère de Lise Akoka et Romane Guéret, porté par Fanta Kebe et Shirel Nataf, qui se distinguait nettement au sein de la section Nouvelles écritures.

Lise Akoka et Romane Guéret

Lise Akoka et Romane Guéret, réalisatrices de Ma frère / Photo : De l’écrit à l’écran – ©X. Bouvier

La belle thématique L’éloge de la rencontre aura permis aux spectateur·ices drômois·es de découvrir des œuvres fortes, comme l’éblouissant Le gâteau du président, film déchirant récompensé d’une Caméra d’or amplement méritée à Cannes, le probant Les braises de Thomas Kruithof qui fait particulièrement écho au contexte social du moment, mais aussi un diptyque consacré au couple Bergman/Ullmann (un documentaire et la mini- série Infidèles, à découvrir dès à présent sur Arte).

Si ce bilan est largement positif, il convient de rappeler l’importance de ne pas sacrifier la culture et d’en permettre la diversité d’écoute et de découverte à toutes les tranches d’âge. Il aura fallu toute l’énergie et la détermination de l’équipe du festival pour tenter d’atténuer la réduction des séances scolaires évoquée plus haut et faciliter l’accès du jeune public à ces projections inédites et ces rencontres enrichissantes – les « Prix jeune » venant confirmer la curiosité avisée et le regard critique de la nouvelle génération.

Avec sa sélection hétéroclite et soignée, ses invité·e·s de prestige, ses thèmes forts et actuels, et ce désir — rare — d’établir des ponts entre littérature et cinéma, De l’écrit à l’écran a fait plus que confirmer son standing et son attractivité, en attendant une 15e édition que l’on attend déjà avec impatience.

Palmarès de la 14e édition

PRIX DU PUBLIC

Dites-lui que je l’aime de Romane BOHRINGER

adapté du roman éponyme de Clémentine AUTAIN.

PRIX DE LA PRESSE

La disparition de Josef Mengele de Kirill SEREBRENNIKOV

adapté du roman éponyme d’Olivier GUEZ

PRIX DE L’IMAGE PIERRE-WILLIAM GLENN

Lumière pâle sur les collines de Kei ISHIKAWA

adapté du roman éponyme de Kazuo ISHIGURO

Directeur de la photographie : Piotr SOBOCIŃSKI Jr.

PRIX DU JURY JEUNE

La danse des renards de Valéry CARNOY

et une mention pour un tout nouveau prix, « Le Prix des Justes » pour :

Le gâteau du président de Hasan HADI


Remerciements : Rachel & Julien (RP) et à toute l’équipe d’organisation de cette 14e édition