RENTAL FAMILY
Tokyo, de nos jours. Un acteur américain qui peine à trouver un sens à sa vie décroche un contrat pour le moins insolite : jouer le rôle de proches de substitution pour de parfaits inconnus, en travaillant pour une agence japonaise de « familles à louer ». En s’immisçant dans l’intimité de ses clients, il commence à tisser d’authentiques relations qui brouillent peu à peu les frontières entre son travail et la réalité. Confronté aux complexités morales de sa mission, il redécouvre progressivement un but, un sentiment d’appartenance et la beauté sereine des relations humaines…
Critique du film
Présenté en première française au Festival de La Roche-sur-Yon après avoir conquis le public de Toronto, Rental Family marque le retour remarqué de la réalisatrice nippo-américaine Hikari (de son vrai nom Mitsuyo Miyazaki). Révélée avec 37 Seconds, belle chronique sur l’émancipation d’une jeune femme en situation de handicap, la cinéaste poursuit ici son exploration des solitudes contemporaines et de la reconstruction personnelle, en mêlant humour doux, délicatesse et bienveillance.
Son nouveau film s’attache à Daniel (Brendan Fraser), un acteur américain en perte de repères, réfugié à Tokyo après une série d’échecs professionnels et personnels. Las de son métier, il accepte une proposition inattendue : incarner des proches de substitution pour une entreprise japonaise qui loue des « membres de famille » à des clients isolés. D’un rôle à l’autre — père attentionné, mari éphémère, faux-journaliste — Daniel redécouvre peu à peu le sens même de sa vocation d’acteur, et plus encore, celui de l’empathie.
Cette trame, à la fois absurde et poétique, trouve un écho émouvant dans la carrière de Brendan Fraser lui-même. Longtemps disparu des écrans avant sa résurrection dans The Whale, il offre ici une performance d’une grande douceur, à la fois maladroite et bouleversante. Sa présence généreuse, marquée par la pudeur et la retenue, guide le spectateur dans un récit où chaque rencontre agit comme un miroir, ravivant son humanité en même temps que la nôtre.

Pour sa première mission, Daniel rencontre une jeune femme bridée par les conventions, à qui il permet d’aimer librement sans contrarier ses parents attachés aux traditions. Convaincu qu’il peut aider ces personnes quelles que soient les raisons les poussant à faire appel à ses services, il relève ensuite un défi plus délicat : assister une mère célibataire en quête de la meilleure éducation pour sa fille. Un beau lien va se créer avec la petite Mia qui ignore qu’il n’est pas son véritable père. Daniel va combler son manque de référent paternel jusqu’à faire éclore un dilemme intérieur de plus en plus prégnant. Il rencontre enfin un vieil acteur déclinant, rongé par le regret, qu’il aide à raviver ses souvenirs sous le prétexte de préparer un article revenant sur sa vie et sa carrière. Ces personnages secondaires, esquissés avec tact, forment un chœur discret autour du héros, chacun·e incarnant une facette de la solitude moderne.
Hikari évite tout misérabilisme et privilégie une mise en scène épurée, classique mais empreinte d’une grande sensibilité. Si Rental Family séduit d’emblée par sa simplicité et son concept singulier, Hikari embarque les spectateurices dans sa comédie humaine facétieuse et tendre, qui rappelle que les liens les plus précieux naissent souvent des rencontres improbables. Un film lumineux sur les différences culturelles, la transmission et le besoin universel de se sentir vu·e, aimé·e, reconnu·e. Un « feel-good movie » dans le plus beau sens du terme, un film qui réconcilie, apaise, et nourrit notre soif de connexions véritables.
Bande-annonce
4 février 2026 – De Mitsuyo Miyazaki






