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L’INTERMÉDIAIRE

Un  » fixer  » de renommée mondiale, spécialisé dans la négociation de paiements entre entreprises corrompues et ceux qui menacent de les faire tomber, est habitué à garder son identité secrète grâce à une organisation millimétrée et des règles strictes. Il voit son univers basculer lorsqu’une nouvelle cliente sollicite sa protection pour rester en vie.

Critique du film

Présenté il y a quelques semaines en compétition au Festival du cinéma américain de Deauville, L’Intermédiaire (Relay) marque une nouvelle étape dans la filmographie de David Mackenzie, réputé pour sa capacité à mêler drame social et action — de Starred Up à Comancheria – et capable de passer d’un genre à l’autre avec une certaine aisance, comme il le faisait dans Perfect sense. L’écossais retrouve ici une veine paranoïaque inspirée des thrillers politiques des années 1970, tout en injectant un traitement très contemporain : celui d’un monde où la surveillance, la corruption et la transparence vacillent.

Au cœur de ce film, Ash (Riz Ahmed), un « fixer » secret qui négocie des paiements entre lanceurs d’alerte et entreprises corrompues, utilisant un système ingénieux de relais téléphonique (initialement conçu pour les malentendants) afin de préserver l’anonymat de ses conversations. Quand Sarah (Lily James), scientifique courageuse, le contacte pour qu’il l’aide à restituer des documents sensibles, Ash voit ses propres principes mis à l’épreuve. Leur rapprochement met en danger l’opération et déclenche un enchaînement de trahisons et de manipulations.

L’intermédiaire scrute la morale du compromis, l’anonymat comme arme et la fragilité des repères dans un univers dominé par des intérêts financiers implacables. Il rappelle les films de la paranoïa classique — The Conversation — mais injecte aussi une dimension moderne dans ce monde hyperconnecté où le silence, l’oubli et la dissimulation restent des refuges potentiels. On retrouve ce goût pour la lente montée de la tension, un sens du cadre méticuleux et une élégance formelle tout en retenue.

Relay

Comme toujours, Riz Ahmed est impeccable, incarnant Ash avec une économie de mots saisissante, renforçant le mystère de son personnage. Cette retenue nourrit l’ambiguïté d’un homme double, à la fois médiateur moral et manipulateur impitoyable. Ahmed porte le film sur ses épaules, donnant corps à un personnage qui semble tout à la fois invulnérable et en proie aux doutes. Face à lui, Lily James campe une Sarah déterminée mais vulnérable, elle est le catalyseur qui fait vaciller les certitudes d’Ash et révèle les failles dans son système rigide.

Pourtant, L’Intermédiaire montre, lui aussi, ses failles dans un dernier acte opérant un retournement assez soudain. Après un début méthodique et subtil, le film adopte des enjeux plus grand-public et des coups de théâtre plus éculés, transformant ce thriller cérébral plutôt accrocheur en un affrontement plus conventionnel.

Bande-annonce

26 novembre 2025 – De David Mackenzie