LA DANSE DES RENARDS
Dans un internat sportif, Camille, un jeune boxeur virtuose, est sauvé in extremis d’un accident mortel par son meilleur ami Matteo. Alors que les médecins le pensent guéri, une douleur inexpliquée l’envahit peu à peu, jusqu’à remettre en question ses rêves de grandeur.
Critique du film
Passé par la Quinzaine des cinéastes en mai dernier avant d’être présenté en compétition jeunesse au Festival du Film de Société de Royan, La danse des renards ambitionne de traiter de front des sujets essentiels : les injonctions à la virilité, le rapport au corps et les violences verbale et psychologique qui gangrènent l’adolescence masculine. Sur le papier, un projet prometteur, inscrit dans des préoccupations contemporaines, et porté par un jeune comédien remarquable. Samuel Kircher incarne avec conviction un jeune espoir de la boxe contraint de revoir ses ambitions et ses repères après une blessure qui fait vaciller ce qu’il croyait immuable.
Le récit suit Camille dans ce parcours de doute, de reconstruction et de fuites successives, tentant d’échapper à la pression du groupe et à des modèles masculins écrasants. Kircher parvient à habiter ce rôle d’adolescent déboussolé sans l’alourdir, pris au piège entre honte et désir, courage et résignation. À lui seul, il donne à La danse des renards sa texture et sa sensibilité. Mais si la prestation de l’acteur porte le film, l’écriture ne parvient pas à transformer l’essai. La narration souffre d’une accumulation d’errances scénaristiques qui diluent la force de son propos et les fameuses « danses des renards », motif censé irriguer le parcours symbolique de Camille, resteront à l’état d’idée. La métaphore était prometteuse mais, trop théorique, finit par apparaître comme un prétexte plutôt qu’un fil rouge.

La même impression s’impose face à plusieurs choix dramatiques. Les prémices du premier émoi amoureux du héros s’intègrent difficilement à l’ensemble, donnant l’impression de n’exister que pour offrir au jeune héros une soupape de libération émotionnelle, avant d’être totalement évacuée lors du dernier quart d’heure. Ce sentiment de collage maladroit pèse aussi dans la manière dont le film traite la virilité toxique, accumulant les personnages secondaires caricaturaux, qui ne surgissent que pour faire avancer l’intrigue ou illustrer une idée, empêchant l’œuvre de dépasser les contours attendus de son sujet.
Le dernier round concentre ainsi toutes les frustrations, avec une résolution narrative expédiée qui vient suggérer que Camille découvrirait subitement la nécessité de s’affranchir de ses amitiés nocives pour espérer s’épanouir et tracer sa route vers le succès. Une conclusion facile, presque didactique, alors que le film semblait justement vouloir interroger la complexité des liens masculins adolescents et la difficulté de rompre avec un groupe structurant mais malsain. Loin de la danse éponyme, le premier long métrage de Valéry Carnoy n’effectue qu’un pas de côté timide pour marquer les esprits et décrocher les honneurs.






