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BENEDETTA

Au 17ème siècle, alors que la peste se propage en Italie, la très jeune Benedetta Carlini rejoint le couvent de Pescia en Toscane. Dès son plus jeune âge, Benedetta est capable de faire des miracles, et sa présence au sein de sa nouvelle communauté va changer bien des choses dans la vie des soeurs.

Critique du film

Avec Benedetta, Paul Verhoeven poursuit sa carrière tardive avec la même volonté de provocation qui a fait sa réputation. Inspiré d’un fait historique, le film raconte l’ascension fulgurante d’une nonne toscane du XVIIe siècle, prise entre visions mystiques et passion charnelle pour une autre religieuse. Dès son annonce, le projet portait en lui la promesse d’un double scandale – religieux et sexuel – que le cinéaste embrasse sans retenue. D’un côté, une fresque de pouvoir et de croyances ; de l’autre, une plongée dans la nunsploitation, ce sous-genre des années 70 où l’érotisme venait titiller la rigidité des couvents.

La mise en scène joue sur l’ambiguïté permanente entre extase spirituelle et orgasme charnel. Mais celle-ci, au lieu de nourrir une réflexion sur la condition féminine dans une institution patriarcale, tend vite à devenir un spectacle de provocation, où les visions christiques et les corps dénudés se confondent dans un même registre d’exploitation. Les séquences sexuelles entre Benedetta et Bartolomea, filmées avec un évident plaisir libidineux, peinent à dépasser l’effet de surface. Leur désir est réduit à une succession d’images destinées à exciter le spectateur plus qu’à sonder la complexité d’un amour lesbien dans un monde répressif.

Benedetta

C’est là que se cristallisent les principaux reproches : là où le film aurait pu proposer un récit d’émancipation, il choisit de montrer Benedetta comme une manipulatrice hystérique, une figure ambiguë dont l’ascension semble moins guidée par la foi ou le désir que par la soif de pouvoir. En réduisant ainsi son héroïne, Verhoeven brouille son geste et reconduit l’idée que le désir féminin, surtout lorsqu’il s’affiche hors de la norme, menace toujours de basculer dans l’imposture ou la perversion.

Reste une œuvre paradoxale, typiquement verhoevenienne : excessive, provocatrice, parfois jubilatoire dans son audace blasphématoire, mais prisonnière d’une imagerie kitsch et d’un regard masculin qui fige ses personnages féminins en objets de scandale plus qu’en sujets de désir et de croyance. Benedetta ne reste qu’un divertissement outrancier, oscillant entre sérieux et grotesque, incapable de dépasser les clichés qu’il prétendait dynamiter.

Bande-annonce

9 juillet 2021De Paul Verhoeven, avec Virginie EfiraCharlotte Rampling


Cannes 2021Compétition officielle

Dernière mise à jour 18 septembre 2025 par Sam Nøllithørpe ⚲ TP