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AUCUN AUTRE CHOIX

Cadre dans une usine de papier You Man-su est un homme heureux, il aime sa femme, ses enfants, ses chiens, sa maison. Lorsqu’il est licencié, sa vie bascule, il ne supporte pas l’idée de perdre son statut social et la vie qui va avec. Pour retrouver son bonheur perdu, il n’a aucun autre choix que d’éliminer tous ses concurrents…

Critique du film

Yoo Man-soo travaille dans la même société de fabrication de papier depuis 25 ans. Employé de bureau à la vie totalement équilibrée – une femme, des enfants, deux chiens et le tout dans un pavillon idéal entouré de verdure -, il se fait brutalement licencier du jour au lendemain. Si les responsables de son départ rétorquent qu’ils n’avaient « pas d’autre choix » que de se séparer de leurs cadres les plus anciens, celui qui se retrouve désormais sur le marché du travail va réutiliser cette phrase à son compte lorsque germe en lui une idée plutôt radicale : assassiner les concurrents potentiels qui pourraient freiner son retour à l’emploi.

Ce postulat extravagant n’est pas nouveau. Aucun autre choix est le remake d’un long métrage tourné en 2005 par Costa-Gavras (par ailleurs ici co-producteur et à qui Park Chan-wook dédie son film), Le Couperet, qui était déjà l’adaptation d’un roman policier américain paru à la fin des années 1990. Pour autant, que l’on ne s’imagine pas que le réalisateur d’Old Boy ait eu envie de faire la copie d’une mise en scène préexistante ou de se complaire dans un exercice d’adaptation littérale. Loin de donner cette impression, il propose un film d’une originalité débordante, à la fois comédie noire et satire sociale, spectacle réjouissant et cruel du début à la fin.

No other choice

Le thème de la précarité de l’emploi est au cœur du rire grinçant provoqué par cet antihéros qui s’improvise serial killer. La peur de ne pas retrouver du travail le pousse à devenir une sorte de semi-génie du mal aux techniques improbables et jusqu’au-boutistes. La solidité du récit est en grande partie due au fait que l’on ne quitte jamais le ton de la farce – même dans les moments les plus crus, la violence étant souvent frontale – sans jamais perdre de vue sa portée sociale. Park Chan-wook tourne en dérision un monde de l’emploi impitoyable et dérégulé, capable de rendre fou. La perspective du déclassement social devient la pire des perspectives, ce qui culmine lorsque la femme de Yoo Man-soo se met à lister à sa famille tout ce dont ils vont devoir se débarrasser si son mari ne retrouve pas de travail…

Le film plonge à grande vitesse dans le délire de son personnage en réussissant le tour de force de la faire passer pour une évidence absurde. Il doit beaucoup à son comédien, Lee Byung-hun (qui incarnait le premier rôle de Joint Security Area), au visage élastique halluciné qui rendrait presque son personnage convaincant. La richesse de son jeu est proportionnelle à celle de la mise en scène : séquences opératiques où la musique surprend les dialogues, découpage insolite, raccords renversants, chaque plan termine avec une idée avant que le suivant ne commence par une autre. Devant une telle inventivité, on se dit que l’on est face au travail d’un grand artiste visuel.

Bande-annonce

11 février 2026 – De Park Chan-Wook

Mostra de Venise 2025 – Compétition