A HOUSE OF DYNAMITE
Lorsqu’un missile de provenance inconnue est lancé sur les États-Unis, une course s’engage pour déterminer qui est responsable et comment réagir.
Critique du film
Le sujet est direct et terrifiant : un missile nucléaire s’apprête à toucher le sol américain, probablement lancé depuis la Corée du Nord. Sa trajectoire le dirige même tout droit vers la métropole de Chicago et ses plus de neuf millions d’habitants. En état d’urgence, le compte à rebours est enclenché.
Dans la lignée de ses trois derniers films (Démineurs, Zero Dark Thirty et Détroit), Kathryn Bigelow s’impose à nouveau comme la cinéaste du thriller politique qui pousse les États-Unis au plus loin de ses retranchements. Ici, le pays est confronté sans détour à la menace nucléaire, nullement préparée à une attaque qui lui revient comme le revers du boomerang. La cinéaste nous plonge de façon très immersive à l’intérieur de plusieurs cellules de crise, organisant un suspense bureaucratique et technique dans les plus hauts lieux du secret américain – le bureau ovale, le Pentagone, une base militaire ultra-protégée.

Sous l’épée de Damoclès du missile à la provenance incertaine mais à la destination confirmée, les instances décisionnaires se répondent, d’une capitaine en lien avec l’armée (Rebecca Ferguson) au Président lui-même (Idris Elba). Des affects personnels surgiront de temps en temps, mais l’urgence globale de la situation prend le dessus, ne laissant aucun répit : le pouvoir politique bute et se retrouve confronté à son impensable impuissance. Ce qui trouble le plus, c’est que cela pourrait ressembler à une dystopie. Au contraire, plus le film avance et plus son réalisme nous envahit.
Kathryn Bigelow et son scénariste Noah Oppenheim ont adopté une « structure Rashōmon », décidément en vogue ces dernières années – Le dernier duel de Ridley Scott en 2021 ou Évanouis de Zach Cregger, sorti au mois d’août, y ont eu recours. Soit l’accumulation de plusieurs visions du même événement, différents points de vue tournant autour d’un drame. Sans éviter une certaine redondance et une petite lassitude lors de sa mise en place, ce schéma narratif renforce surtout la visée noire et radicale du propos. Il donne l’impression de foncer droit dans le mur. Chaque partie rejoue l’action et redémarre une forme d’espoir pour mieux la faire vaciller. Le message anti-nucléaire est implacable, nous laissant sur un frisson nihiliste.
Bande-annonce
24 octobre 2025 (Netflix) – De Kathryn Bigelow
Avec Rebecca Ferguson, Idris Elba, Greta Lee






