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MA FRÈRE

Shaï et Djeneba ont 20 ans et sont amies depuis l’enfance. Cet été là, elles sont animatrices dans une colonie de vacances. Elles accompagnent dans la Drôme une bande d’enfants qui, comme elles, ont grandi entre les tours de la Place des Fêtes à Paris. À l’aube de l’âge adulte, elles devront faire des choix pour dessiner leur avenir et réinventer leur amitié.

Critique du film

Après Les Pires, qui aurait pu prétendre à la Caméra d’or lors du Festival de Cannes en 2022, Lisa Akoka et Romane Guéret confirment leur sensibilité et leur capacité à scruter la jeunesse dans Ma frère, une comédie sociale tendre et généreuse qui navigue entre l’insouciance solaire de Nos jours heureux (Toledano et Nakache) et la légèreté profonde d’À l’abordage (Guillaume Brac). Le film suit un groupe d’enfants et pré-ados parisiens issus de quartiers défavorisés lors d’une colonie de vacances dans la Drôme, terrain propice à l’éveil des sentiments, aux amitiés spontanées et aux chamailleries d’usage, mais aussi à une exploration fine du vivre-ensemble, de la solidarité et de la sororité.

Le duo de réalisatrices s’attache particulièrement à la complicité entre Shaï et Djeneba, amitié centrale où se jouent autant le besoin de reconnaissance que la découverte d’une force commune pour affronter les épreuves, et ce malgré des trajectoires et des aspirations différentes. Indissociable de Shirel Nataf, dont la spontanéité et le naturel apportent une belle fraîcheur au duo d’amies, Fanta Kebe incarne avec une justesse sidérante une jeune adulte à la fois fragile et audacieuse, donnant au récit une intensité supplémentaire, notamment lorsqu’elle dévoile le poids des années à compenser les défaillances maternelles et les entraves à son émancipation.

Ma frère

Mais Ma frère se distingue aussi par l’attention portée à la représentation. L’écriture du personnage non-binaire de Naël·le est l’une des réussites les plus appréciables du film, jamais traitée comme une figure périphérique ni comme un « cas » à part, iel est accueilli·e avec naturel par ses camarades. À travers Naël·le, le film témoigne d’une vérité souvent oubliée : les enfants, par leur amplitude d’amour et de tolérance, savent embrasser la liberté d’exister en dehors des normes et percevoir chacun·e selon ses propres désirs d’être.

À cette dimension profondément politique s’ajoute un humour irrésistible qui jaillit aussi bien des situations absurdes vécues par la troupe d’animateur·ices que du franc-parler désarmant des enfants. Innocence, maladresses, réparties fulgurantes, tout contribue à une énergie comique communicative, jamais forcée, qui participe de la fraîcheur de l’ensemble. Comédie féministe et résolument inclusive, Ma frère invite à faire fi des différences pour mieux célébrer ce qui rassemble : la joie, l’entraide, la possibilité d’aimer et d’être aimé·e tel que l’on est. À la fois drôle et émouvant, solaire et politique, le film d’Akoka et Guéret se hisse parmi les belles réussites récentes du cinéma français sur l’enfance et la jeunesse.

Bande-annonce

7 janvier 2026 – Lise AkokaRomane Gueret


De l’écrit à l’écran 2025

Dernière mise à jour 4 novembre 2025 par Sam Nøllithørpe ⚲ TP