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THE FORBIDDEN CITY

Le fils d’un restaurateur endetté fait équipe avec une jeune fille étrangère. Ils sont pourchassés par les membres impitoyables de la pègre romaine.

CRITIQUE DU FILM

Pour inaugurer la 31e édition de l’Étrange Festival, l’équipe de programmation a choisi de mettre en avant l’un des symboles du renouveau du cinéma italien, avec Gabriele Mainetti venu en personne présenter son troisième film : The Forbidden City (La città proibita en VO).

Celui qui s’est fait connaître à l’Étrange en 2016 avec On l’appelle Jeeg Robot, pour lequel il avait remporté le Grand Prix, et qui avait impressionné avec l’ambitieux Freaks Out en 2022, continue de revisiter des pans entiers du cinéma de genre au travers d’un cinéma populaire et généreux. Ainsi, après s’être attaqué au film de super-héros ou de freaks, il rend cette fois hommage au cinéma asiatique, avec une déclaration d’amour énergique au film de Kung-fu. Une rencontre improbable entre l’action made in Hong Kong et la sensibilité romanesque à l’italienne.

The forbidden city

Dès les premières scènes, la rencontre entre Mei (Yaxi Liu), une jeune chinoise experte en arts martiaux à la recherche de sa sœur, et Marcello (Enrico Borello), fils d’un cuisinier romain accablé de dettes, installe une tension vibrante et un ressort comique. Ce duo inattendu, séparé par la langue et la culture, fonctionne grâce à l’énergie déployée par les deux acteurs, et par la mise en scène de Mainetti qui s’amuse des clichés autant qu’il les assume.

The Forbidden City se distingue par l’affrontement de ses choix esthétiques : entre la violence et l’énergie des combats de kung-fu d’un côté et la gouaille exubérante de la petite mafia romaine. C’est là tout l’attrait du film. Les motifs de vengeance et le mystère qui entoure la disparition des proches des deux héros restent eux assez anecdotiques. Juste assez pour donner un fil narratif, sans jamais éclipser la véritable force du récit, cette collision des univers et des corps. Car les corps souffrent. Les séquences de combat portées par Yaxi Liu sont rudes et d’une précision remarquable.

Portée par une photographie très soignée de Paolo Carnera, le film parvient ainsi à sublimer les chorégraphies, tout en prenant soin de rendre hommage aux somptueux monuments de la ville éternelle. Rome n’est pas qu’un décor, elle devient une authentique partenaire de jeu.

the forbidden city

Au-delà du spectacle, The Forbidden City est aussi un film au regard social humaniste. Ce qui n’est pas vraiment une surprise pour quiconque a vu les précédents films de Mainetti, le réalisateur italien ayant toujours eu un attention pleine d’affection et de sensibilité pour les petits, les brisés et les laissés-pour-compte. Le parcours de Mei, motivé par la recherche de sa sœur, et la dynamique qui naît avec Marcello, parlent de solidarité, de compréhension mutuelle, de la capacité à vaincre les préjugés. Même si tout cela se tisse dans le bruissement des combats et les silences partagés.

Bien sûr, le film n’est pas sans défaut : quelques longueurs se font sentir, ralentissant le rythme. Pourtant, elles ne sauraient obscurcir l’élan général, compensées par une générosité qui, parfois même poussée à l’excès, lui donne un charme indéniable. Cette fusion permanente, mélange de kung-fu et de mafia romaine, de drame personnel et d’amour naissant, d’humour et d’émotion, crée un équilibre des saveurs qui fonctionne à merveille. Un beau spectacle bourré d’énergie, de cœur et de souffle. Soit un cocktail idéal pour un film d’ouverture et lancer la 31ème édition de L’Étrange Festival avec panache.


Etrange festival 2025