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LE TESTAMENT D’ANN LEE

La chef religieuse Mère Ann Lee fonde le mouvement Shaker, proclamée par ses adeptes comme le Christ féminin et construit l’une des plus grandes sociétés utopiques de l’histoire américaine.

Critique du film

Avec The Testament of Ann Lee, Mona Fastvold signe une œuvre démesurée, aussi fascinante qu’inégale, qui a secoué la Mostra de Venise où le film était présenté en compétition. Portrait halluciné de la fondatrice des Shakers, le film embrasse la forme du musical mystique, porté par une mise en scène qui cherche l’extase plus que la cohérence. Chorégraphies fiévreuses, transes collectives et débordements sonores composent un tableau à la fois sublime et saturé, qui finit parfois par tourner au pastiche involontaire tant l’excès se substitue à la tension dramatique.

C’est là toute l’ambiguïté du film, ambitieux dans son geste, mais souvent prisonnier de ses outrances. Le récit, étiré au-delà du nécessaire, s’essouffle dans un second acte qui peine à maintenir l’élan initial. Les personnages secondaires s’effacent derrière le spectacle, réduits à des silhouettes au service de l’iconisation d’Ann Lee, sans jamais trouver leur place. L’écriture du personnage principal elle-même reste paradoxalement superficielle, survolant les zones d’ombre de cette figure religieuse plutôt que de les creuser.

Testament of Ann Lee

Reste l’évidence : Amanda Seyfried. Dans ce rôle habité, l’actrice trouve une intensité rare, naviguant entre ferveur mystique et fragilité charnelle. Sa présence, incandescente, donne corps à un film qui aurait pu se perdre totalement dans son formalisme. Mais cette force est parfois fragilisée par la manière dont le film l’expose sans relâche : corps nu, ensanglanté, maltraité, Seyfried devient l’objet de tous les sévices, au risque de confondre incarnation et exploitation. C’est malgré cela — et non grâce à cela — que son jeu parvient à maintenir un ancrage humain dans le délire visuel et sonore.

En dépit de ses outrances, The Testament of Ann Lee impressionne par l’audace de son entreprise et affirme le goût de Mona Fastvold pour un cinéma de la démesure et de l’étrangeté, quelque part entre la grandiloquence de The brutalist et la prétention de The Witch. Œuvre imparfaite, excessive, mais profondément singulière, elle ne laissera aucun spectateur·ice indemne.

Bande-annonce

11 mars 2026 – De Mona Fastvold


Mostra de Venise 2025 – Compétition